École et religion
Religion et éducation dans le Canada contemporain
Aujourd’hui, certaines provinces offrent uniquement une éducation séculière, certaines ont totalement supprimé les enseignements religieux de l’éducation publique, tandis que d’autres ont (...)
Aujourd’hui, certaines provinces offrent uniquement une éducation séculière, certaines ont totalement supprimé les enseignements religieux de l’éducation publique, tandis que d’autres ont maintenu des approches mixtes. La province de l’Ontario, par exemple, a toujours des systèmes parallèles financés par des fonds publics, avec des financements complets accordés à la fois aux écoles séculières et aux écoles séparées catholiques primaires et secondaires. Moment culminant de plusieurs décennies de sécularisation, la province de Québec a supprimé l’instruction religieuse catholique ou protestante de l’enseignement public et a créé le programme Éthique et culture religieuse en 2008. Ce programme reflète une approche en termes de connaissance des religions (religious literacy) pour l’enseignement au sujet de la religion, et est obligatoire pour tous les élèves du primaire et du secondaire dans la province. Bien que certaines écoles dans d’autres provinces offrent également des cours optionnels de connaissance des religions (religious literacy), il n’y a pas de programme national en la matière. Dans l’ensemble du Canada les établissements d’enseignement privés confessionnels, communément désignés par le terme d’établissements indépendants, offrent un éventail de choix comprenant l’éducation chrétienne, musulmane ou juive, parmi d’autres. De même, un très faible pourcentage de parents font le choix de l’école à la maison pour leurs enfants, éducation souvent motivée par un contenu d’enseignement fondé sur des traditions religieuses particulières. L’importance accordée au choix des parents à l’égard de l’école séculière ou confessionnelle a toujours été un pilier du paysage éducatif. Le gouvernement canadien, toutefois, a largement ignoré les organismes parentaux des peuples autochtones du Canada au cours d’une grande part de l’histoire du pays. La publication en 2015 du rapport Vérité et Réconciliation est un compte rendu exhaustif du système des pensionnats scolaires canadiens, de son héritage tragique et de son impact toujours actif sur les familles autochtones. Dans ce rapport, l’appel à l’action n°94 indique ce qui pourrait être reconnu comme un tournant pour les questions historiques et contemporaines sur la religion, l’éducation et les politiques publiques au Canada.
D 20 juin 2017 AChristine L. Cusack
L’éducation au Canada, un contexte spécifique
L’éducation, une compétence provinciale
Les croisements entre religion et éducation doivent être saisis dans leur contexte. Contrairement à beaucoup d’autres démocraties occidentales, il n’y a (...)
L’éducation, une compétence provinciale
Les croisements entre religion et éducation doivent être saisis dans leur contexte. Contrairement à beaucoup d’autres démocraties occidentales, il n’y a pas de ministère national de l’éducation au Canada. Chacun des territoires et provinces, dans sa juridiction, est compétent en matière d’éducation. Ainsi, la variété des approches de la religion dans les classes des écoles canadiennes est un reflet à la fois des héritages historiques et des interrogations contemporaines sur la diversité linguistique, culturelle et religieuse. Les provinces et territoires présentent des situations particulièrement disparates. Ces variations sont d’abord celles des structures de financement public, certaines provinces permettant à des degrés divers les subventions aux institutions confessionnelles publiques et privées.
Contexte historique
Saisir la situation actuelle suppose de prendre en compte les accords constitutionnels du 19e siècle, forgés en réponse à la diversité religieuse de la population à cette période. L’article 93 de la loi constitutionnelle canadienne de 1867 établit un système parallèle d’écoles confessionnelles et séculières dans certaines provinces, où les institutions catholiques et protestantes se sont vu garantir un financement public. Ce système d’écoles séparées fonctionnait parallèlement aux institutions séculières financées sur fonds publics.
D 20 juin 2017 AChristine L. Cusack
Religion, éducation et politiques publiques
L’étude scientifique de la religion et de l’éducation au Canada est un champ interdisciplinaire en croissance comprenant un éventail de sujets tels que l’enseignement religieux, les relations (...)
L’étude scientifique de la religion et de l’éducation au Canada est un champ interdisciplinaire en croissance comprenant un éventail de sujets tels que l’enseignement religieux, les relations entre Église et État, la formation des enseignants, le contenu des programmes et les questions liées à l’enseignement au sujet de la religion comme objet d’étude. De la même manière, nombre de jugements de la Cour Suprême du Canada ont façonné et continuent de remodeler les politiques publiques autour des enjeux complexes de la religion et de l’éducation dans ce pays multiculturel. Ces jugements ont porté sur des sujets aussi divers que la liberté de religion, les associations parentales, les discriminations, le financement public, ainsi que sur des questions plus larges liées au paysage évolutif de la diversité religieuse au sein de la nation. Par exemple, dans le jugement historique Multani c. Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (2006), le refus qu’un élève sikh porte un kirpan à l’école publique a été déclaré une violation de la liberté religieuse. Dans le cas SL c. Commission scolaire des Chênes (2012), le programme québécois obligatoire d’éthique et de culture religieuse a été remis en cause par des parents cherchant à exempter leurs enfants de ce programme. La Cour a rejeté cette demande d’exemption au motif que l’apprentissage de la diversité religieuse ne lésait pas les élèves, et ne portait pas non plus atteinte à la liberté de religion des parents ou des enfants. Les écrits antisémites d’un professeur d’école publique dans Ross c. Conseil scolaire du disctrict n°15 du Nouveau Brunswick (1996) ont attiré l’attention sur la question de la discrimination religieuse, et ont abouti au retrait de l’enseignant de sa classe. Dans une autre affaire clé, Adler c. Ontario (1996), les requérants, issus de traditions religieuses minoritaires, ont contesté sans succès la constitutionnalité du financement public exclusif des écoles catholiques de l’Ontario. Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, elle met en évidence l’éventail des défis juridiques sur l’éducation et la religion qui sont parvenus jusqu’à la plus haute instance juridique canadienne.
D 20 juin 2017 AChristine L. Cusack