C’est durant l’Empire ottoman (15e – 20e siècles) que l’islam officiel se dogmatise très régressivement, avec notamment le développement d’une classe d’oulémas au service du sultan désormais calife (1512). Dès le 16e siècle, le pouvoir ottoman acquis à l’islam orthodoxe persécute les différents courants hétérodoxes, notamment l’alévisme et sa version confrérique le bektachisme.
L’empire ottoman, bien que théocratique, a cependant développé un système original de coexistence religieuse, celui des millets, autrement dit des groupes ethno-confessionnels ayant chacun une hiérarchie religieuse interne propre. Le système de millets a évolué dans le temps pour revêtir au 19e siècle un caractère aussi bien national que religieux ; il a donné lieu à l’utilisation du critère religieux dans les constructions nationales, notamment dans les Balkans.
Dans cette période de constructions nationales, la population turque / musulmane d’Asie mineure s’est peu à peu affirmée par un double mouvement : d’une part, par l’arrivée des musulmans venant des Balkans et du Caucase à l’Anatolie, tout au long du 19e siècle, au fur et à mesure que ces régions obtenaient leur indépendance. Et d’autre part, par l’éviction de l’Anatolie des populations non-musulmanes, principalement due à deux causes : l’exil et le génocide des populations arméniennes (accusées de trahir la "Sublime porte" en s’alliant avec les Russes) durant la Première Guerre Mondiale, mais aussi l’échange obligatoire de populations entre la Grèce et la Turquie en 1923, qui a vidé l’Anatolie de sa population orthodoxe (et la Grèce continentale, ainsi que les îles égéennes, de leur population musulmane (voir le Traité de Lausanne dans la rubrique Statut juridique - principaux textes).
D 8 octobre 2012 ASamim Akgönül