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Parcours historique

L’islamisation des turcophones et la conversion des autochtones

Les tribus turcophones originaires d’Asie centrale sont arrivées en plusieurs vagues, dans le Caucase d’abord, puis dans l’espace persan et enfin en Asie mineure, entre le 9e et le 11e siècle. (…)

Les tribus turcophones originaires d’Asie centrale sont arrivées en plusieurs vagues, dans le Caucase d’abord, puis dans l’espace persan et enfin en Asie mineure, entre le 9e et le 11e siècle. Durant cette période, ces mêmes tribus se sont converties progressivement à l’islam.
L’État seldjoukide anatolien (11e-13e siècles) était traversé par des courants hétérodoxes coexistant avec le sunnisme classique et des religions populaires locales dans un environnement chrétien. Les confréries et le soufisme caractérisent cet islam anatolien vivant en contact étroit avec les religions environnantes, notamment l’orthodoxie chrétienne, et empreint des croyances turques préislamiques.

D 8 octobre 2012    ASamim Akgönül

L’Empire ottoman

C’est durant l’Empire ottoman (15e – 20e siècles) que l’islam officiel se dogmatise très régressivement, avec notamment le développement d’une classe d’oulémas au service du sultan désormais (…)

C’est durant l’Empire ottoman (15e – 20e siècles) que l’islam officiel se dogmatise très régressivement, avec notamment le développement d’une classe d’oulémas au service du sultan désormais calife (1512). Dès le 16e siècle, le pouvoir ottoman acquis à l’islam orthodoxe persécute les différents courants hétérodoxes, notamment l’alévisme et sa version confrérique le bektachisme.
L’empire ottoman, bien que théocratique, a cependant développé un système original de coexistence religieuse, celui des millets, autrement dit des groupes ethno-confessionnels ayant chacun une hiérarchie religieuse interne propre. Le système de millets a évolué dans le temps pour revêtir au 19e siècle un caractère aussi bien national que religieux ; il a donné lieu à l’utilisation du critère religieux dans les constructions nationales, notamment dans les Balkans.

Dans cette période de constructions nationales, la population turque / musulmane d’Asie mineure s’est peu à peu affirmée par un double mouvement : d’une part, par l’arrivée des musulmans venant des Balkans et du Caucase à l’Anatolie, tout au long du 19e siècle, au fur et à mesure que ces régions obtenaient leur indépendance. Et d’autre part, par l’éviction de l’Anatolie des populations non-musulmanes, principalement due à deux causes : l’exil et le génocide des populations arméniennes (accusées de trahir la "Sublime porte" en s’alliant avec les Russes) durant la Première Guerre Mondiale, mais aussi l’échange obligatoire de populations entre la Grèce et la Turquie en 1923, qui a vidé l’Anatolie de sa population orthodoxe (et la Grèce continentale, ainsi que les îles égéennes, de leur population musulmane (voir le Traité de Lausanne dans la rubrique Statut juridique - principaux textes).

D 8 octobre 2012    ASamim Akgönül

La République turque

La fondation de la République turque et sa reconnaissance internationale en 1923 ont été suivies d’une période d’occidentalisation coercitive pendant laquelle un certain discours anti-religieux a (…)

La fondation de la République turque et sa reconnaissance internationale en 1923 ont été suivies d’une période d’occidentalisation coercitive pendant laquelle un certain discours anti-religieux a été développé par les kémalistes. Le caractère religieux de l’Empire ottoman était considéré comme une des raisons de son retard dans la modernité. Dans ce cadre, plusieurs mesure spectaculaires ont été prises afin d’alléger le poids de la religion dans la vie publique : l’abolition du califat et la nationalisation de l’enseignement en 1924, l’interdiction des confréries en 1925 et enfin l’inscription du principe de la laïcité dans la constitution en 1927 par exemple. Mais dans le même temps, l’emprise religieuse sur la société étant toujours considérée comme dangereuse, un fort contrôle étatique sur la pratique religieuse musulmane a été instauré à travers la création de la Direction des Affaires Religieuses Diyanet (1924).

Ainsi le concept de la laïcité de la République turque se conjugue-t-il avec une interférence de l’Etat dans la pratique religieuse, mais surtout dans le message religieux. En revanche, cet encadrement public ne concerne que les musulmans sunnites ; la plus grande minorité religieuse du pays, les alévis hétérodoxes, est au cœur d’une polémique depuis les années 1990 (voir les débats actuels) : le conflit porte sur la possibilité d’étendre les services de la Direction des Affaires Religieuses aux Alévis, et sur les cours d’instruction religieuse obligatoire dans les écoles publiques.

D 8 octobre 2012    ASamim Akgönül

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