Antériorité du mariage civil
Depuis 1926, date de l’adoption du Code civil suisse, le droit de la famille et le droit personnel musulmans n’ont plus aucune valeur en Turquie. En revanche, le mariage religieux (imam nikahi) garde sociologiquement son prestige en tant que légitimation socioreligieuse de l’union dans les couches rurales et populaires, alors qu’il n’est plus pratiqué dans la moyenne bourgeoisie.
Juridiquement, le mariage religieux doit être précédé par le mariage civil et les imams, fonctionnaires pour la plupart, ont l’obligation de refuser d’unir un couple religieusement s’il ne présente pas l’acte de mariage civil. Selon la modification du règlement sur le mariage de 2017, les imams nommés par le ministère de l’Intérieur peuvent désormais célébrer des mariages officiels.
Le mariage civil, seul reconnu par l’État dans cette République encore officiellement laïque, pouvait être célébré uniquement par un maire ou un autre officier d’état civil.
À présent, il est donc possible à un couple qui le souhaite de célébrer son union à la fois religieusement et civilement, sous l’autorité d’un mufti. Dans les faits, chaque année, notamment en été, les campagnes de mariage civil organisées par les mairies auxquelles participent parfois des centaines de couples déjà mariés religieusement démontrent qu’il arrive souvent que le mariage religieux précède le mariage civil. La polygamie est interdite, mais des cas isolés existent, notamment chez les Kurdes du sud-est anatolien où certaines relations tribales sont encore en usage.