Un financement public du culte musulman
La Direction des affaires religieuses (Diyanet İşleri Başkanlığı) est une administration créée le 3 mars 1924 sur ordre d’Atatürk qui gère un corps de 141 218 fonctionnaires (dont 107 782 titulaires, 33 436 contractuels, les imams, les prédicateurs et les muftis). La Diyanet était rattachée au cabinet du Premier ministre, mais à partir de 2018, avec le régime présidentiel, elle a été rattachée à la Présidence avec le décret-loi n° 703 publié dans le Journal officiel du 09/07/2018. La Diyanet pour mission de s’occuper des activités liées aux croyances de l’islam, de gérer les lieux de culte et d’éclairer la société sur la religion.
En Turquie, le financement des lieux de culte et du personnel religieux ne concerne que l’islam sunnite, c’est-à-dire les mosquées, les imams, les prédicateurs et les muftis. Les cultes non-sunnites et non-musulmans doivent s’autofinancer, en grande partie via les fondations pieuses (vakıf).
Lors de la collecte de l’impôt, tous les citoyens (musulmans et non-musulmans) sont égaux. Les musulmans non-sunnites et les non-musulmans (grecs, juifs et Arméniens) ont donc le même taux d’imposition. Cette situation pose un problème du point de vue de l’égalité.
Les musulmans câferî (principalement des Azéris) et alevi bektachis (principalement des Turkmènes) participent au financement des mosquées et au paiement des salaires des imams sunnites alors que leurs lieux de cultes, qui ne sont pas officiellement reconnus par l’État, ne reçoivent aucun financement.
En 2023, un budget total de 35 910 653 000 TL (environ 1,9 milliard de dollars) a été alloué à la Direction des affaires religieuses, soit le double de celui du ministère de la Culture et du Tourisme et le double de celui du ministère des Affaires étrangères. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdoğan, le budget de la Diyanet a été multiplié par soixante cinq (550 000 000 TL en 2002).
Aujourd’hui en Turquie, il existe 89 817 mosquées, 1585 cemevi (lieu de culte des alevis), 398 églises et 38 synagogues. Parallèlement à ces lieux de culte, il y a 70 383 écoles et 1547 hôpitaux, ce qui illustre le nombre élevé des mosquées par rapport aux établissements publics dans le pays.