Laïcité et coopération
Les Pays-Bas n’ont ni religion d’État, ni politique de reconnaissance officielle des confessions religieuses. Cependant, la relation entre l’État néerlandais et la religion a toujours été caractérisée par une implication importante de l’État concernant l’expression religieuse dans la vie publique. En 1917, par exemple, la "guerre scolaire" s’est conclue par l’adoption de l’article 23 de la Constitution néerlandaise, établissant le financement total par l’État des écoles avec une identité religieuse (chrétienne), tout en protégeant la liberté de ces écoles de déterminer leurs programmes d’études. Cette disposition a jeté les bases de la "pilarisation" néerlandaise (verzuiling). Sous ce système, la société a été profondément divisée en groupes religieux et idéologiques distincts et antagonistes. Une démocratie stable a été rendue possible grâce à une coopération globale au niveau des élites et en accordant à chaque groupe autant d’autonomie que possible. Les immigrés musulmans ont utilisé ce qui restait du modèle des piliers, selon lequel les organisations religieuses étaient toujours considérées comme une forme légitime de représentation et d’organisation communautaire. Les musulmans ont les mêmes droits que les autres groupes religieux et, s’ils s’appuient sur les mêmes principes que ceux appliqués aux autres groupes religieux, comme les chrétiens, ils peuvent obtenir la reconnaissance de leurs revendications (mais bien souvent après une importante lutte).
Cependant, à partir des années 1960, le glissement progressif vers une société plus sécularisée aux Pays-Bas a conduit à l’émergence de leaders d’opinion et de politiciens qui défendent les perspectives laïques de la société néerlandaise, utilisant le mot "laïque" non seulement d’une façon descriptive, mais aussi d’une façon normative pour se référer à une partie de la politique identitaire de la société néerlandaise.