Groupes religieux et non religion
Les minorités religieuses en Allemagne
Depuis la Réformation, l’Allemagne est principalement un pays bi-confessionnel, les deux grandes Églises luthérienne et catholique jouissant d’un statut légal, politique et social privilégié qui (...)
Depuis la Réformation, l’Allemagne est principalement un pays bi-confessionnel, les deux grandes Églises luthérienne et catholique jouissant d’un statut légal, politique et social privilégié qui s’est maintenu - sous une forme atténuée - jusqu’à nos jours (voir la rubrique Parcours historique).
Aujourd’hui, plus de 60% de la population appartiennent à une Église chrétienne : selon les statistiques du Statistisches Bundesamt (2004), 31,1 % de la population allemande se déclarent protestants (25 630 000 personnes) et 31,5 % catholiques (25 986 000 personnes). D’après les estimations de REMID, s’y ajoutent 1 424 500 personnes appartenant à une Église orthodoxe ou orientale (1,7 % de la population totale).
Les juifs sont la seule minorité religieuse en Allemagne pour laquelle il existe des statistiques officielles (environ 106 000, c’est-à-dire environ 0,1 % de la population), parce que toute autre appartenance religieuse n’est saisie par le Bundesamt que dans la catégorie « autre ». Or, selon des estimations, les musulmans constituent la plus grande minorité religieuse non chrétienne en Allemagne avec plus de trois millions de membres, suivis par les bouddhistes (environ 245 000 personnes) et les hindous (89 500 - 97 500). Environ 141 000 personnes appartiennent à d’autres groupes et mouvements religieux.
D 19 juillet 2012 AMatthias Koenig AMiriam Schader
Les juifs
A la différence des minorités musulmane et orthodoxe, les juifs ont une longue histoire dans les territoires qui aujourd’hui constituent l’Allemagne. Ainsi, la première apparition d’une (...)
A la différence des minorités musulmane et orthodoxe, les juifs ont une longue histoire dans les territoires qui aujourd’hui constituent l’Allemagne. Ainsi, la première apparition d’une communauté juive est relevée à Cologne en l’an 321.
C’est une histoire marquée par l’exclusion et la persécution : ce n’est qu’avec les Lumières, et surtout après la Révolution française et sous la pression napoléonienne, que commence un lent processus d’émancipation dans les États germanophones, puis dans l’État-nation allemand.
Au début du XXe siècle, bien des juifs allemands s’étaient non seulement assimilés mais faisaient preuve d’un patriotisme aussi marqué que celui de la majorité chrétienne. Cela dit, alors que beaucoup de juifs allemands ont lutté dans l’armée allemande lors de la Première guerre mondiale, l’antisémitisme dans la société s’est intensifié encore après la guerre.
L’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en 1933 signifiait le début des douze années les plus noires de l’histoire des juifs en Allemagne - et en Europe - culminant dans la mort de 6 millions de juifs dans les camps de concentration. Si en 1933 il y avait de 500 000 à 600 000 juifs en Allemagne, seuls 15 000 avaient survécu à la Shoah.
Les premières communautés juives se sont reformées tout de suite après la guerre : 51 en 1945, 16 de plus en 1946. Elles ont été rejointes par 200 000 personnes déplacées originaires de l’Europe orientale, ainsi que par des réfugiés s’échappant des pogroms antisémites en Pologne. Dans leur grande majorité, tous les membres de ces premières communautés juives de l’après-Shoah ne comptaient pas rester en Allemagne, mais émigrer vers les États-Unis ou Israël. Dans les années de l’après-guerre, le nombre des juifs en Allemagne se stabilisa toutefois à 26 000 en RFA et 400 à 500 en RDA (pour en savoir plus, voir le site du Conseil central des juifs).
Entre 1990 et 2004, après la chute du mur de Berlin, quelques 220 000 juifs d’Europe de l’est immigraient en Allemagne en tant que Kontingentflüchtlinge (réfugiés venus dans le cadre d’une action d’aide humanitaire), parfois continuant jusqu’en Israël ou aux États-Unis.
Actuellement, environ 106 000 personnes appartiennent aux 102 communautés représentées par le Conseil central des juifs en Allemagne. 5000 personnes sont membres de l’Union de juifs progressistes, organisées en 20 communautés. Environ 90 000 personnes, dans leur majorité des Kontingentflüchtlinge immigrés en Allemagne en tant que juifs, n’appartiennent à aucune communauté.
D 19 juillet 2012 AMatthias Koenig AMiriam Schader
Les musulmans
Il est difficile de définir le nombre de musulmans en Allemagne. Le chiffre couramment accepté est de 3,1 à 3,4 millions de personnes, soit environ 4 % de la population. S’il y avait déjà (...)
Il est difficile de définir le nombre de musulmans en Allemagne. Le chiffre couramment accepté est de 3,1 à 3,4 millions de personnes, soit environ 4 % de la population.
S’il y avait déjà quelques musulmans en Allemagne au XIXe siècle, la présence musulmane y est avant tout une conséquence de l’immigration postérieure à la Seconde Guerre mondiale ; les deux tiers des musulmans n’ont pas la citoyenneté allemande. Les taux de conversion à l’islam sont bas (15 000 musulmans d’origine allemande).
C’est par les accords de recrutement avec la Turquie (1961), le Maroc (1963) et la Tunisie (1965) que les premiers ouvriers de confession musulmane sont arrivés en RFA. Après la fin de la politique de recrutement en 1973, l’immigration musulmane a été essentiellement réduite au regroupement familial. S’y ajoutaient des réfugiés et demandeurs d’asile originaires de la Turquie (Kurdes), d’Iran, d’Irak, d’Afghanistan, de la Bosnie etc. Les musulmans d’origine turque constituent aujourd’hui la plus grande communauté parmi les musulmans d’Allemagne avec plus de deux millions d’individus, suivie par les musulmans originaires des Balkans, des pays arabes, de l’Iran, d’Afghanistan, du Pakistan ainsi que des groupes plus petits originaires d’autres régions musulmanes. En relation avec leurs origines nationales, les musulmans en Allemagne sont d’abord des sunnites, puis des chiites et alévis, des membres de la communauté d’Ahmaddiyya et d’autres communautés (dont les ismaélites).
A la différence des juifs et des chrétiens orthodoxes, les musulmans d’Allemagne ne sont pas représentés par un organisme unique. Cependant, depuis le 11 avril 2007, le Conseil de coordination des musulmans en Allemagne (Koordinierungsrat der Muslime in Deutschland, KRM) réunit les quatre plus grandes associations de musulmans en Allemagne. Y sont rassemblés l’Union turque islamique de la direction des affaires religieuses (DITIB), le Conseil de l’islam pour la République Fédérale d’Allemagne (Islamrat für die Bundesrepublik Deutschland e.V., IRD), l’Association des centres culturels islamiques (Verband der Islamischen Kulturzentren e.V., VIKZ) et le Conseil central des musulmans en Allemagne (Zentralrat der Muslime in Deutschland e.V., ZMD).
D 19 juillet 2012 AMatthias Koenig AMiriam Schader
Les chrétiens orthodoxes et orientaux
Comme la minorité musulmane, la minorité orthodoxe en Allemagne est essentiellement issue de l’immigration intervenue au cours du XXe siècle. Des émigrés russes fuyant la révolution de 1917 (...)
Comme la minorité musulmane, la minorité orthodoxe en Allemagne est essentiellement issue de l’immigration intervenue au cours du XXe siècle.
Des émigrés russes fuyant la révolution de 1917 ont été les premiers chrétiens orthodoxes à arriver en Allemagne, suivis par les personnes déplacées après la Seconde guerre mondiale. Dans le cadre des programmes de recrutement de la RFA dans les années 1960, sont venus ensuite des orthodoxes grecs et serbes. Ensuite, comme dans le cas de la communauté juive, c’est l’immigration des ressortissants des anciens États de l’Union soviétique qui a permis l’accroissement de cette communauté, de même que l’immigration roumaine et bulgare. Les guerres en ex-Yougoslavie ont également amené un grand nombre d’orthodoxes serbes à émigrer en Allemagne.
Aujourd’hui, il y a environ 1,2 millions de chrétiens orthodoxes résidant en Allemagne, organisés en plusieurs diocèses, avec la Commission de l’Église orthodoxe en Allemagne (KOKiD) comme structure de coopération et de représentation nationale.
Pour en savoir plus :
– Ortag, Peter (1995 ; 2003) : Jüdische Kultur und Geschichte. Ein Überblick. Bonn : Bundeszentrale für politische Bildung. p. 89.
– Gouvernement fédéral (2006) : Antwort der Bundesregierung auf die Große Anfrage der Abgeordneten Josef Philip Winkler u.a. und der Fraktion BÜNDNIS90/Die Grünen - BT-Drucksache Nr.16/2085 vom 29.Juni 2006 : "Stand der rechtlichen Gleichstellung des Islam in Deutschland".
D 19 juillet 2012 AMatthias Koenig AMiriam Schader