Action sociale et religion
Les ONG confessionnelles en France
Qu’est-ce qu’une ONG ?
Il n’existe aucune définition juridique claire, ni en droit français, ni en droit international, de la notion d’organisation non gouvernementale (ONG). En réalité, ce mot est apparu pour la première fois dans la Charte des Nations unies en 1945, notamment dans l’article 71 consacré à l’action du Conseil économique et social. Les acteurs humanitaires s’accordent toutefois sur le fait qu’une ONG est une association nationale ou internationale indépendante des gouvernements et qu’elle s’inscrit dans une démarche participative de solidarité.
En France, les ONG ont à 98% un statut d’association régi par la loi du 1er juillet 1901. Les autres sont des fondations (2%). Les ONG revendiquent toutes le principe d’une activité à but non lucratif.
Elles sont de plus en plus nombreuses depuis la seconde moitié du XXème siècle. Les ONG ne sont pas des acteurs publics mais privés. En France, la plupart des projets de développement menés par les ONG sont indépendants des gouvernements, tandis que dans les pays d’Europe du Nord, l’association entre l’Etat et les ONG fait partie intégrante du processus de coopération.
Des types d’action distincts :
On distingue trois types d’action à l’intérieur des ONG :
– L’action sociale et humanitaire. Il s’agit de l’action de première urgence (travail en faveur des aveugles, des lépreux, des malentendants, soin aux malades et blessés, distribution de nourriture…)
– Le self-help. Développement concernant l’alphabétisation, l’éducation, la promotion des arts et des sciences, la formation professionnelle… Le but étant de rendre le bénéficiaire capable de gagner sa vie ou de l’améliorer financièrement.
– Les causes d’intérêt public pour des groupes qui sont dans des situations conflictuelles (défense des droits de l’homme, assistance aux prisonniers, aux accusés, défense des minorités…) ou travaux relatifs à la protection de l’environnement.
Les ONG confessionnelles (ONGc) :
Après les expéditions missionnaires et les initiatives d’inspiration religieuse de l’ère coloniale, les organisations confessionnelles se sont structurées et organisées et représentent aujourd’hui des acteurs de poids dans la coopération internationale.
Les ONG confessionnelles ont pour particularité de mener des actions dont les principes reposent sur les enseignements d’une tradition religieuse spécifique. Cependant, elles revendiquent généralement le caractère universel de leur démarche et des causes dans lesquelles elles s’engagent.
En effet, qu’elles soient confessionnelles ou non, les ONG ont généralement des champs d’action assez similaires, tels que la réduction de la pauvreté et de la mortalité infantile, la lutte contre les épidémies, l’accès à l’éducation, ou le développement durable. Cependant, les ONG confessionnelles se démarquent des ONG séculières sur certains points qu’elles ont tendance à moins traiter, tels que les questions liées à l’égalité des sexes, à la contraception...
Des objectifs communs :
En 2000, 23 organisations internationales et 193 états membres de l’ONU se sont réunis à New-York afin de définir des Objectifs Millénaires de Développement (OMD) à atteindre d’ici 2015. Ces objectifs recouvrent les grands enjeux humanitaires du XXIème siècle. Ces OMD permettent de tracer les grandes lignes des actions des ONG et de les orienter, mais ils ne représentent pas pour autant une réelle innovation stratégique. Cependant, lorsque ces OMD sont interrogés sous l’angle plus religieux, ils permettent aux structures concernées de négocier un nouvel aspect du développement : le fait religieux. Pour le président de la Banque mondiale, l’implication des religions renforcerait les prestations des programmes de la Banque mondiale. En effet, l’engagement des communautés confessionnelles dans la lutte contre la pauvreté devient vital dans certains espaces ; par ailleurs, de nouvelles formes de partenariats œuvrant à consolider les forces respectives des différentes communautés sont à envisager. Ainsi, les OMD s’inscrivent dans l’appui aux différentes communautés confessionnelles afin de pouvoir mieux intervenir sur des terrains où les questions communautaires sont primordiales pour mener à bien des actions concrètes.
Développement ou humanitaire ?
Contrairement à l’aide au développement, l’aide humanitaire ne cherche pas à transformer une société. Elle a pour but d’aider à gérer une situation de crise. Le développement, comme son nom l’indique, propose une aide à plus long terme. Il s’agit plutôt de traiter les causes profondes d’une situation de sous-développement afin d’amorcer un changement structurel. C’est dans ce domaine que les ONG confessionnelles jouent un rôle de plus en plus important, notamment en matière de coopération et de développement international. Les ONGc sont de plus en plus conscientes du poids qu’elles ont auprès des gouvernements et des bailleurs de fonds, mais aussi du rôle qu’elles peuvent avoir auprès des populations. Elles sont devenues un acteur incontournable du développement international.
Les principales ONG confessionnelles en France :
Le nombre exact d’ONG n’est pas renseigné mais il est de l’ordre de quelques milliers. Les données ci-dessous permettent d’avoir une idée des ONG confessionnelles les plus connues et les plus importantes. Sachant qu’elles agissent toutes dans l’humanitaire et le développement, nous nous contenterons donc d’indiquer ce qui marque plus particulièrement leurs spécificités. A titre d’illustration :
ONG chrétiennes (sans affichage confessionnel) :
– ACAT = contre la torture et la peine de mort
– Vision du monde = parrainage d’enfants
ONG catholiques :
– Secours Catholique = Pays en crise et en difficulté. 164 fondations Caritas dans le monde.
– CCFD-Terre Solidaire = Comité Catholique contre le Faim et pour le Développement. Première ONG française de développement.
– FIDESCO = Organisation catholique de solidarité internationale
ONG protestantes :
– DEFAP = Service protestant de mission
– Armée du Salut
ONG islamique :
– Secours Islamique (voir l’article de Catherine Bonjour)
Repères bibliographiques :
ARCHAMBAULT E., Le secteur sans but lucratif : associations et fondations en France, Paris, Economica, 1996.
BELLION-JOURDAN J., « Les organisations de secours islamique et l’action humanitaire » in Esprit, Août-Septembre 2001.
BRAUMAN R., L’action humanitaire, Paris, Flammarion (Dominos), 1996.
DURIEZ B., MABILLE F., ROUSSELET K., (Direction), Les ONG confessionnelles, Religions et actions internationales, Paris, L’Harmattan (Religions en questions), 2007.
FURNISS J., MEIER D., « Le laïc et le religieux dans l’action humanitaire, une introduction », in A contrario, n°18, 2012-2, p. 7-36.
LIOGIER R., « Le facteur religieux dans la géopolitique transnationale », in Blandine Chelini-Pont, Raphaël Liogier, Géopolitique du christianisme (Référence Géopolitique), Ellipses, 2003.
Revue internationale de politique de développement, « Religion et développement », POLDEV 2013, n°4.
Catherine Bonjour (étudiante en master 2, Université de Strasbourg)
25 juillet 2014