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Action sociale et religion

Assistance sociale et caritative de l’Eglise orthodoxe roumaine

Immédiatement après 1990, l’Eglise orthodoxe roumaine a fondé un secteur "Eglise et Société", responsable de l’action sociale et caritative de l’Eglise, ainsi qu’un bureau d’assistance sociale. (...)

Immédiatement après 1990, l’Eglise orthodoxe roumaine a fondé un secteur "Eglise et Société", responsable de l’action sociale et caritative de l’Eglise, ainsi qu’un bureau d’assistance sociale. En même temps, des filières de théologie et assistance sociale ont été mises en place dans les facultés de théologie orthodoxe, afin d’assurer, d’ici quelques années, la présence d’un personnel formé nécessaire au développement de l’œuvre caritative de l’Eglise.
Les bases des actions caritatives (diaconat) dans l’administration patriarcale ont été posées en 1993 et sont axées sur le développement de certains programmes ("Aide d’urgence pour les familles pauvres", "Aide indirecte pour les enfants pauvres ou pour les familles avec plusieurs enfants", "Famille et abandon social : causes, effets, remèdes", etc.). L’Eglise orthodoxe roumaine organise également de nombreuses conférences, centrées sur le développement et sur l’efficacité des activités sociales de l’Eglise.
L’activité du bureau d’assistance sociale de l’Eglise orthodoxe roumaine est déterminée par un règlement relatif à l’organisation et au fonctionnement du système d’assistance sociale de l’Eglise orthodoxe roumaine, approuvé par le Saint Synode à titre provisoire en 1997 (résolution n° 3336 de mai 1997) et à titre permanent en 2001 (résolution n° 245 de février 2001). Ce règlement prend également en compte les aumôneries des hôpitaux, des prisons et des institutions militaires.
Au niveau local, des bureaux qui coordonnent les activités d’assistance sociale de l’Eglise orthodoxe et où travaillent des prêtres-conseillers en assistance sociale ont été créés depuis 1999. Le but de cette organisation est de mettre en place un système d’assistance caritative bien articulé et organisé, desservi par un réseau d’assistants sociaux professionnels en lien avec les structures institutionnelles traditionnelles de l’Eglise (évêchés, doyennés, paroisses) et connecté tant au système de l’assistance religieuse des institutions publiques qu’aux associations et fondations autonomes à profil orthodoxe créées après 1989. Ce système a été consacré par son inscription dans le nouveau statut d’organisation et de fonctionnement de l’Eglise orthodoxe roumaine entré en vigueur en 2008.
En 2003, de nombreuses personnes ont bénéficié des programmes socio-caritatifs de l’Eglise orthodoxe roumaine : 55 900 enfants, 44 500 personnes âgées, 51 800 familles ou étudiants aux faibles ressources, ainsi que des chômeurs, des détenus libérés, des personnes handicapées ou sans domicile fixe. La création de nombreuses associations et fondations religieuses dont le but premier est le développement des activités missionnaires, culturelles et philanthropiques prouve également l’intérêt de l’E.O.R. pour une implication active dans la société. Ainsi, plus de 60 associations de ce type ont participé à la "Conférence nationale des organisations non gouvernementales fonctionnant avec la bénédiction de l’Eglise orthodoxe roumaine " (3-5 septembre 2002).

D 2 octobre 2012    ALaurenţiu Tănase AManuela Gheorghe

Présence de l’Eglise orthodoxe roumaine dans la société

Sous l’impact des changements sociaux suscités en Roumanie par le début du processus de démocratisation de la société, les Eglises, et en particulier l’Eglise orthodoxe roumaine, ont reconsidéré (...)

Sous l’impact des changements sociaux suscités en Roumanie par le début du processus de démocratisation de la société, les Eglises, et en particulier l’Eglise orthodoxe roumaine, ont reconsidéré leur attitude et leur implication dans la vie de la société. L’Eglise orthodoxe a notamment mis en avant une doctrine de la pitié et de la compassion vis-à-vis de la société et des problèmes de l’homme contemporain.
Bien que l’orthodoxie mette l’accent sur la contemplation et sur un idéal de rédemption humaine, elle n’est cependant pas restée indifférente aux besoins humains et aux urgences sociales. Entre 1948 et 1989, sous le régime communiste, l’Eglise orthodoxe roumaine et les autres Eglises se sont trouvées dans l’impossibilité de jouer leur rôle social. Toutefois, depuis 1990, on constate une présence de plus en plus vive et prégnante de l’Eglise dans le domaine social. Ce changement est notamment repérable à travers les éléments suivants :
 l’amplification des actions caritatives, ainsi que le développement significatif des associations à rôle philanthropique ;
 le retour des aumôneries et des lieux de culte à l’armée ;
 la réintroduction des cours de religion dans l’enseignement d’Etat (avec un caractère non obligatoire, chaque élève ayant le droit de choisir, selon la religion à laquelle il appartient)
 la réintroduction des chapelles dans les hôpitaux et les établissements pénitentiaires.

D 2 octobre 2012    AIuliana Conovici ALaurenţiu Tănase AManuela Gheorghe

L’implication sociale des autres Eglises

Les autres Eglises et confessions de Roumanie font preuve également d’une grande activité caritative. L’Eglise catholique de Roumanie a ainsi une longue tradition d’implication sociale bien (...)

Les autres Eglises et confessions de Roumanie font preuve également d’une grande activité caritative. L’Eglise catholique de Roumanie a ainsi une longue tradition d’implication sociale bien structurée, basée sur sa doctrine sociale. La première association a été fondée en Roumanie en février 1859, sous le nom d’ Association de Calfs Kölping. A présent, de telles associations existent au niveau de chaque paroisse catholique. A celles-ci s’ajoutent des associations philanthropiques du type Action Catholique, Caritas, etc.
L’Eglise unie avec Rome (Eglise gréco-catholique) est également impliquée dans une activité sociale forte et systématique. Supprimée abusivement par l’état communiste en décembre 1948, elle regagna sa place parmi les autres Eglises et religions immédiatement après la chute du régime totalitaire. L’association greco-catholique Caritas a des filiales dans les cinq diocèses (Alba-Iulia, Fagaras-Blaj, Cluj-Gherla, Maramures, Lugoj, Oradea) et met en place des programmes et des projets sociaux à destination des personnes défavorisées. Les Eglises protestantes de Roumanie (l’Eglise réformée, l’Eglise unitarienne, l’Eglise protestante augustinienne, l’Eglise protestante luthérienne) ou les Eglises néo-protestantes (l’Eglise baptiste, l’Eglise adventiste du septième Jour, l’Eglise pentecôtiste, le Culte chrétien selon l’Evangile et l’Eglise évangélique roumaine) sont également impliquées dans des activités sociales.

D 2 octobre 2012    AIuliana Conovici ALaurenţiu Tănase AManuela Gheorghe

Les cultes reconnus, partenaires sociaux de l’Etat

La loi 489/2006 concernant la liberté religieuse et le régime général des cultes confirme la volonté de l’Etat de reconnaître la légitimité de l’engagement social des cultes reconnus et de les (...)

La loi 489/2006 concernant la liberté religieuse et le régime général des cultes confirme la volonté de l’Etat de reconnaître la légitimité de l’engagement social des cultes reconnus et de les soutenir dans leur qualité de "prestataires de services sociaux" (art. 10.7) et de "partenaires sociaux" de l’Etat. Elle ouvre la possibilité de mettre en place des partenariats avec les cultes reconnus "dans les domaines d’intérêt commun" (art. 9.5).
Plusieurs partenariats de ce type ont été mis en place au cours des années qui ont suivi la promulgation de cette loi. Ainsi, en octobre 2007, un nouveau protocole de collaboration entre le patriarcat roumain et le gouvernement a été signé dans le domaine de l’insertion sociale : l’Eglise orthodoxe s’engage à appuyer les politiques sociales du gouvernement et à contribuer à leur élaboration ; de son côté, le ministère s’engage à faciliter l’assistance spirituelle des personnes séjournant dans ses établissements ou travaillant dans ses unités (i.e. les aumôniers des hôpitaux), y compris par l’aménagement d’espaces dédiés à ces activités.
Un autre protocole de collaboration a été signé, le 24 juillet 2008, entre le patriarcat roumain et le ministère de la Santé publique dans le domaine de l’assistance sociale et spirituelle. Il développe le protocole de 1995 pour y inclure une dimension sociale et éducative plus accentuée, en ajoutant une importante dimension d’éducation à la santé. De même, il jette les bases de la collaboration directe entre l’Etat et l’Eglise orthodoxe dans le domaine de l’assistance sociale et formalise la possibilité pour l’Eglise de prendre part aux différents programmes initiés par le gouvernement dans plusieurs domaines (assistance aux familles dysfonctionnelles, aux enfants issus de familles de migrants, assistance aux malades du SIDA ou de la tuberculose notamment, développement de l’assistance sociale dans les zones plus pauvres, etc.)
Un projet de loi pour un partenariat entre l’Etat et les cultes dans le domaine des services sociaux a été adopté par la Chambre des députés le 8 mars 2011. Ce texte formalise l’accès de tous les cultes reconnus à la mise en place de partenariats entre l’Etat ou les autorités locales et les cultes, mais limite la possibilité du financement public des activités prévues dans ce cadre à hauteur de 80% des projets ; il laisse par ailleurs aux autorités locales la majeure partie de la responsabilité pour les décisions concernant la mise en place de ces partenariats. Ce projet a suscité de vifs débats dans la société civile, plusieurs observateurs accusant le législateur de chercher une fois de plus à privilégier l’Eglise orthodoxe. Les représentants de l’Eglise orthodoxe eux-mêmes ont d’ailleurs adopté une position critique par rapport à ce projet. Selon eux, il limite les possibilités de financement public et, en laissant aux autorités locales un pouvoir discrétionnaire en ce qui concerne la mise en place et le financement des projets, entraîne un risque accru de clientélisme politique et de l’utilisation de ces projets comme instruments électoraux. Le Président de la Roumanie a refusé de promulguer la loi et l’a renvoyée au Parlement. Le processus de son adoption est donc toujours en cours.

D 2 octobre 2012    AIuliana Conovici ALaurenţiu Tănase AManuela Gheorghe

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