La question de la présence d’autres religions que le catholicisme dans le domaine public se pose depuis le passage de l’Espagne à un système démocratique aconfessionnel, basé sur la notion de convivencia (coexistence). Elle est particulièrement aiguë dans le domaine des médias, où le catholicisme, à travers sa hiérarchie, occupe une place quasi exclusive.
Or, l’aconfessionnalité implique une égalité de traitement. Malgré cela, dans le cas de l’Espagne, la conviction que, puisque la religion catholique est la religion majoritaire dans ce pays, elle doit avoir une présence plus grande dans le domaine public et les medias, persiste de manière non négligeable.
Ceci se traduit dans la pratique par une présence exclusive qui lui confère, et à elle seule, ce moyen d’expression publique sur des questions de société potentiellement en conflit avec la morale religieuse, comme l’avortement, le divorce, l’euthanasie, la recherche sur le clonage. Les principaux medias, pour leur part, accordent une place importante aux réactions de la hiérarchie catholique, fortement présente dans les débats ou lors d’interviews, ce qui n’est pas le cas pour les autres confessions.
Celles-ci sont évoquées, le plus souvent, quand leurs prises de position apparaissent en conflit avec l’organisation juridique espagnole, comme dans le cas d’imams radicaux, ce qui contribue à entretenir l’image de confessions en marge de la société, ayant des postulats radicaux, ou tout au moins étrangers au sentiment général de la population.
Dans le cas de la télévision publique, il existe des programmes propres à l’Eglise catholique, mais ce n’est pas le cas pour les autres confessions Ainsi, tous les dimanches matin, la seconde chaîne de la télévision publique (la 2) retransmet en direct un office se déroulant à chaque fois dans un lieu différent. Cette retransmission s’accompagne d’un programme, Pueblo de Dios (peuple de Dieu), présentant des reportages sur des thèmes religieux, et qui laisse pour sa part un espace d’expression aux autres confessions, mais uniquement chrétiennes.
Durant les fêtes du calendrier catholique, en particulier Noël et la semaine sainte, tous les medias réservent des créneaux à la célébration de ces fêtes. Dans le cas de la semaine sainte, ils donnent ainsi un large écho aux processions et autres événements liés se déroulant dans de nombreuses villes. Ce phénomène est particulièrement accentué au niveau des chaînes locales, qui consacrent l’intégralité de leur programme à la célébration de la passion du Christ. Elles agissent de même lors des célébrations liées au saint patron de leur ville de rattachement.
Pendant les jours qui ont suivi la mort du pape Jean-Paul II, les télévisions, radios et journaux ont très largement ouvert leurs éditions à cet événement. La télévision publique a ainsi consacré son programme intégral du 2 avril 2005, pendant 24 heures d’affilée, au pontificat de Jean-Paul II. L’élection du cardinal Ratzinger a été suivie avec le même intérêt. De nombreux reportages, débats, programmes spéciaux ont analysé l’événement, la plupart du temps sans recul critique.
D 14 septembre 2012 AFernando Bravo López