Parcours historique
Christianisation
Naviguant jusqu’aux côtes canadiennes et à la mer Caspienne, les guerriers Vikings appartenant à la religion odiniste (croyance dans les dieux Ases et Vanes, Odin et Thor, de la fin des années (...)
Naviguant jusqu’aux côtes canadiennes et à la mer Caspienne, les guerriers Vikings appartenant à la religion odiniste (croyance dans les dieux Ases et Vanes, Odin et Thor, de la fin des années 700 jusqu’au milieu des années 900) ont été les pionniers de la mondialisation. Ainsi le christianisme celtique et le christianisme arianiste ont exercé leur influence au Danemark bien avant la mission catholique officielle du moine germanique Ansgarius en 826. En 875 environ, le roi danois Harold Bluetooth décrète officiellement la christianisation et l’unification de son royaume, Danemark et Norvège. La christianisation et l’expansion de la nation danoise avec une civilisation commune sous l’autorité d’un seul roi ont constitué les deux parties d’un même processus au tournant du millénaire. Les propriétaires fonciers et les moines, pionniers de la seconde vague d’expansion religieuse construisent 1800 églises en pierre entre 1200 et 1300. A compter de cette période et jusqu’aux bouleversements du 19ème siècle, le christianisme sera avant tout une religion qui s’installe "par le haut".
D 13 septembre 2012 AHans Raun Iversen
Réforme
La lutte entre les évêques catholiques et les rois cesse lorsque le roi Christian III met fin à la dernière guerre civile que connaîtra le Danemark et exproprie l’Eglise et ses infrastructures (...)
La lutte entre les évêques catholiques et les rois cesse lorsque le roi Christian III met fin à la dernière guerre civile que connaîtra le Danemark et exproprie l’Eglise et ses infrastructures pour faire de l’Eglise évangélique-luthérienne une Eglise d’État en 1536. Depuis cette date, l’Eglise est contrôlée par l’Etat.
Au cours des 17ème et 18ème siècles, l’Etat met en place un ministère pour "venir en aide aux pasteurs". Ce ministère ne sera jamais populaire dans la mesure où sa tâche principale est de superviser la discipline ecclésiastique. Pendant la période de monarchie absolue (1660-1849), le christianisme est pour le roi avant tout un moyen de promouvoir la piété et de s’assurer ainsi de la fidélité de ses sujets.
D 13 septembre 2012 AHans Raun Iversen
Constitution démocratique et Eglise populaire de 1849
Dans la Constitution démocratique de 1849, l’Eglise d’Etat évangélique luthérienne est renommée Eglise luthérienne populaire. Le Danemark n’a jamais connu de scission dans le triangle formé par (...)
Dans la Constitution démocratique de 1849, l’Eglise d’Etat évangélique luthérienne est renommée Eglise luthérienne populaire. Le Danemark n’a jamais connu de scission dans le triangle formé par l’Etat, l’Eglise et le peuple. Lors des bouleversements religieux du 19ème siècle avec N.F.S Grundtvig en tant que figure de proue, ¼ des Danois deviennent des chrétiens « conscients », influencés en partie par la renaissance culturelle, mais aussi par le piétisme caractéristique du 18ème siècle.
En 1903, des conseils paroissiaux sont mis en place et amorcent ainsi un lent processus de démocratisation par le bas de l’Eglise nationale. Aujourd’hui, l’Etat est toujours en charge de la législation, de l’administration et des décisions judiciaires de l’Eglise au niveau national. Au fil du temps, s’est posée la question de savoir si les conseils paroissiaux devaient être considérés avant tout en tant que corps administratifs, agissant au nom de l’Etat et/ ou de la société locale, ou en tant que fonction du ministère des croyants. La légitimité de ces conseils est également mise en cause dans la mesure où seuls 10 à 20 % des membres de l’Église participent aux élections. Toutefois, ces conseils ont permis d’assurer de bonnes relations entre la population locale et les églises paroissiales.
Formellement supervisée par 12 évêques (dont un au Groenland et un aux Iles Féroé qui est devenue une Eglise indépendante en 2007), l’Eglise est divisée en plus de 2000 paroisses comptant environ 2000 pasteurs, qui sont des fonctionnaires de l’Etat et doivent avoir obtenu un master de théologie dans l’une des universités publiques du pays.
D 13 septembre 2012 AHans Raun Iversen
Christianisme culturel et choc des religions
Aujourd’hui, l’Eglise populaire danoise comprend différentes approches du christianisme. Le groupe des 75% de "chrétiens culturels" est prédominant. Ceux-ci fréquentent l’Eglise pour les (...)
Aujourd’hui, l’Eglise populaire danoise comprend différentes approches du christianisme. Le groupe des 75% de "chrétiens culturels" est prédominant. Ceux-ci fréquentent l’Eglise pour les baptêmes, les confirmations, les enterrements, et en partie aussi pour les mariages, bien qu’ils n’aient aucun lien avec la vie paroissiale, le credo et la Bible. 10 à 15 % de la population danoise sont des chrétiens pratiquants participant plus ou moins régulièrement aux offices et autres activités de l’Eglise. On peut également qualifier un petit groupe de "chrétiens individuels" dans la mesure où ceux-ci s’identifient personnellement au christianisme sans entretenir particulièrement de relation avec l’Eglise.
Le christianisme culturel recouvre une vision du monde influencée par le christianisme, une conception de la vie humaine et des valeurs éthiques et existentielles fondamentales dérivée du christianisme et l’utilisation d’un langage inspiré du christianisme dans des situations importantes. Les chrétiens culturels considèrent que la majeure partie de leur culture est chrétienne, alors que dans l’ensemble leur culture ne l’est absolument pas, pas plus que leurs croyances, si tant est qu’ils en possèdent. La culture chrétienne n’est pas née toute seule et ne s’est pas développée toute seule. Elle est le fruit des enseignements de l’Eglise populaire à travers les siècles. Les chrétiens culturels ne possèdent pas de rituels ou de modèles permettant de transmettre la culture chrétienne à leurs enfants. Ils dépendent pour cela de l’Eglise populaire, qui est à nouveau confiante dans l’existence de la culture chrétienne. Historiquement, la culture chrétienne est née au Danemark grâce à l’instauration de cours obligatoires de préparation à la confirmation à partir de 1736. Aujourd’hui, des cours pour la confirmation sont dispensés à environ 70 % des jeunes afin, lesquels deviendront des chrétiens culturels. Ce qui est entendu lors des cérémonies de l’Eglise populaire contribue également à la transmission de la culture chrétienne parmi le peuple danois.
Avec seulement 2% des membres de l’Eglise qui assistent habituellement au culte le dimanche, le Danemark possède l’une des participations religieuses à l’office hebdomadaire les plus faibles au monde. Dans la mesure où il n’existe pratiquement pas de concurrence de la part des Eglises dites libres, l’Eglise évangélique luthérienne du Danemark peut ainsi être qualifiée de "d’Eglise monopolistique la plus faible au monde".
Principalement en raison de l’immigration des dernières décennies, l’islam est devenu une alternative au christianisme des pratiquants et au christianisme culturel. Ce phénomène associé à une renaissance de l’ancienne religiosité populaire, a fait prendre conscience à la plupart des responsables ecclésiastiques que l’Eglise ne peut rester chrétienne qu’en tant qu’Eglise de mission. Or il est difficile d’être une Eglise de mission lorsque l’Eglise est gouvernée par l’État sécularisé et que la majorité de ses membres sont des chrétiens culturels.
Depuis 2001, l’Eglise populaire a été prise en otage au sein du nationalisme danois, notamment par le Parti du peuple danois qui soutient le gouvernement. Les partis politiques de l’opposition sont plus enclins à traiter les religions de façon égalitaire dans un contexte où, compte tenu de l’immigration, le Danemark compte environ 4 % de musulmans et probablement autant de chrétiens non-luthériens dont le statut n’est que partiellement reconnu.C’est dans ce contexte politique qu’a eu lieu la crise des caricatures danoises au Danemark en 2006-2007.
D 13 septembre 2012 AHans Raun Iversen