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Roumanie

  • Décembre 2021 : Les groupes religieux exigent que l’accès aux lieux de culte ne soit pas conditionné par le certificat vert (passe vaccinal)

Le 2 décembre 2021, le Premier ministre, accompagné d’autres responsables de l’État roumain, a eu une réunion avec les représentants de différents groupes religieux sur le thème de la liberté religieuse dans le contexte de la pandémie de Covid-19. La réunion a eu lieu dans la synagogue chorale (la plus grande synagogue de Bucarest). 17 des 18 groupes religieux reconnus étaient représentés.

Selon les déclarations du Premier ministre, rapportées dans le communiqué du Secrétariat d’État aux cultes, « les autorités gouvernementales et la société civile, dans laquelle les groupes religieux constituent un pilier de la stabilité, veillent au bien de la population. Le gouvernement soutient et promeut la liberté religieuse en participant à des activités religieuses dans des conditions de sécurité sanitaire et de respect mutuel. L’application de mesures de protection sanitaire et la vaccination sont des solutions sûres et efficaces pour protéger la santé des citoyens et lutter contre la crise du Covid-19. J’appelle à l’unité et à la cohésion et je vous demande de vous joindre aux efforts du gouvernement qui visent à protéger la santé et la vie des citoyens. Les gens ont besoin de confiance et d’espoir, et la contribution des cultes religieux est essentielle pendant cette période. »

Le Premier ministre a également indiqué que les messages et propositions des représentants des groupes religieux seront repris au niveau du gouvernement, notamment ceux concernant les soutiens financiers liés à la construction et la réparation des lieux de culte et la rémunération du personnel religieux.

En revanche, les représentants des groupes religieux ont exigé que la nouvelle loi, en cours d’élaboration, concernant le certificat vert (ou passe vaccinal) ne doit pas conditionner l’accès aux lieux de culte par la présentation de ce document.

Le ministre de la Santé a précisé qu’une décision, qui sera à terme politique, sur le certificat vert pour les croyants, sera prise à la suite d’un mécanisme consultatif et inclusif.

Selon la réaction du porte-parole de l’Église orthodoxe roumaine (le groupe religieux majoritaire), « le certificat vert est un document qui a une raison intrinsèque de persuasion, pas de contrainte. Quiconque choisit rationnellement et en connaissance de cause d’écouter les conseils de spécialistes et de se faire vacciner, bénéficie temporairement de certains avantages offerts par le certificat vert dans certains espaces bondés (commerciaux ou de loisirs). Ce document n’est pas et ne peut pas devenir restrictif pour l’accès aux espaces qui offrent des produits ou services vitaux, comme c’est le cas avec les épiceries, les pharmacies, les hôpitaux ou les églises ».

  • Octobre 2021 : L’implication des groupes religieux dans la lutte contre la pandémie (II)

Le nombre d’infections et de décès de la 4e vague de la pandémie de Covid-19 en Roumanie témoigne d’une situation proche d’une catastrophe humanitaire ; la cause la plus fréquemment invoquée étant le faible degré de vaccination de la population. Face à l’urgence de la sensibilisation de la population à l’importance de la vaccination, tant les pouvoirs publics que la société civile ont insisté sur la nécessité d’une implication active des groupes religieux dans la campagne de vaccination.

En conséquence, de nombreux représentants de l’Église orthodoxe roumaine (le groupe religieux majoritaire) se sont exprimés publiquement en direction des croyants en soulignant l’importance de la vaccination et ont encouragé les paroissiens à faire confiance à la science et aux médecins s’ils veulent éviter la maladie ou une forme grave de la maladie. Des médecins ont été invités dans les églises pour parler aux croyants de l’importance et de la nécessité de la vaccination. Même le patriarche Daniel, dans le message adressé aux pèlerins participant cette année au pèlerinage annuel dédié à Saint Démétrius (saint patron de Bucarest, 21-28 octobre) a réitéré son appel aux croyants « à prendre soin de leur propre santé en suivant strictement les conseils des médecins et les mesures sanitaires décidées par les autorités compétentes ».

Cependant, malgré ces positions officielles, et dans le contexte où un évêque de l’Église orthodoxe roumaine est décédé récemment des suites de l’infection au Covid-19, certains hiérarques se sont publiquement prononcés contre la vaccination, au motif que le vaccin a des effets négatifs sur la santé, ou que les vaccins sont périmés, ou que les dirigeants du pays ne poursuivent pas les intérêts de la population (les médias rapportent également d’autres positions, marginales mais faisant écho à leur énormité, drôles à première vue, mais quand même « délirantes », de certains clercs orthodoxes avec une certaine notoriété locale. L’idée principale est que le vaccin est un poison et contient des puces et la campagne de vaccination anti-Covid fait partie du plan de réduction de la population de la Terre mis en œuvre par un gouvernement mondial composé d’extraterrestres. Cependant, il semble qu’il s’agirait d’une « campagne de marketing » pour vendre ses CDs et livres ayant le même sujet : la vaccination).

À la suite de ces déclarations, les autorités ont ouvert une procédure pénale contre l’un des évêques pour infraction de « communication de fausses informations ». En même temps, le Patriarche de la Roumanie a envoyé une lettre aux membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine notant que de telles déclarations portent un préjudice à l’image de l’Église et que sa communication publique sur les questions nationales est une prérogative du Patriarcat et non des unités administratives ecclésiastiques locales. En plus, le patriarche a demandé aux hiérarques d’éviter les déclarations publiques individuelles sur des sujets médicaux ou politiques pour lesquels le clergé n’est pas qualifié.

Afin de limiter l’ampleur de la crise sanitaire, les pouvoirs publics ont décidé de reprendre certaines décisions restrictives, certaines visant directement la vie religieuse. Ainsi, les nouvelles réglementations concernent les règles d’accès aux lieux de culte, la distance minimale de sécurité et les mesures sanitaires spécifiques pour la conduite des activités religieuses. L’accès des fidèles aux lieux de culte et aux lieux où sont organisés les offices et les rassemblements religieux est fait de manière à assurer une superficie d’au moins 2 m² pour chaque personne et une distance d’au moins de 2 m entre les personnes. Les processions religieuses et/ou les pèlerinages continuent d’être organisés, mais avec une distance de sécurité minimale de 2 mètres entre les fidèles.

Bien que pour entrer dans les lieux de culte la présentation du pass sanitaire ne soit pas obligatoire, comme c’est le cas pour la plupart des institutions d’intérêt public, les représentants du culte musulman en Roumanie ont décidé qu’il est obligatoire pour l’accès du public à l’intérieur du Muftiat. En fait, le mufti a été le premier chef religieux à annoncer qu’il avait reçu la troisième dose de vaccin.

  • Octobre 2021 : L’implication des groupes religieux dans la lutte contre la pandémie

Dans le contexte de l’augmentation alarmante des infections dues au virus Sars-Cov-2 enregistrées en Roumanie récemment, le coordinateur de la campagne de vaccination a estimé qu’il était nécessaire d’impliquer davantage les groupes religieux dans la transmission des mesures pour empêcher la propagation du COVID-19 et que leur message à la population doit être que « les gens devraient faire confiance aux médecins ».

En réaction à cette volonté, un représentant de l’Église catholique en Roumanie a déclaré : « Nous faisons confiance à Dieu mais aussi aux médecins. Concernant le salut, faisons confiance à Dieu ! Nous avons montré dès le début de la pandémie le geste du Pape François qui s’est fait vacciner. Nous avons aussi beaucoup de prêtres qui ont été vaccinés. »

Le porte-parole de l’Église orthodoxe roumaine a déclaré à son tour que « nous devons aux médecins non seulement le respect pour leur compétence professionnelle et pour les efforts énormes déployés dans les hôpitaux, mais aussi toute notre confiance et notre gratitude. »

À l’occasion du sermon au service de sainte Parascheva, sa Béatitude Daniel lui-même, Patriarche de l’Église orthodoxe roumaine, a transmis un message exhortant à la multiplication de la prière en ce temps de pandémie. Sa Béatitude a encouragé les fidèles à observer les mesures de protection sanitaire et à écouter les conseils des médecins qui agissent pour soulager les souffrances des malades.

  • Juillet 2021 : Le Patriarcat roumain et la vaccination anti-Covid-19

Un haut responsable roumain a proposé un partenariat entre le gouvernement et l’Église orthodoxe roumaine pour la campagne de vaccination, mentionnant qu’en Grèce, après une telle approche, le taux de vaccination a atteint 50 %.

En réponse, le porte-parole du Patriarcat roumain a mentionné que « l’Église orthodoxe roumaine a déjà affirmé et rendu explicite sa position favorable, naturelle et claire sur l’acte de vaccination en cas de pandémie, exhortant le clergé et les laïcs à vraiment prendre la maladie au sérieux, à être parfaitement informés à partir de sources véritablement crédibles, à consulter les médecins et mettre ainsi en place une option bien fondée en lien avec un acte médical dont dépendent leur santé et leur protection ainsi que celles de leurs proches ».

Il a ajouté, cependant, que « l’implication des groupes religieux dans une démarche de persuasion sur un sujet extra-religieux et dans une problématique dans laquelle seule la compétence médicale est adéquate et pertinente, ne peut transgresser les limites de ce contexte ».

  • Avril 2021 : Modification des règles d’inhumation en cas de décès causés par le Covid-19

Les représentants des confessions religieux en Roumanie, par l’intermédiaire du Secrétariat d’État aux cultes, ont demandé la modification de la réglementation en vigueur concernant l’inhumation des personnes décédées infectées ou soupçonnées d’infection par le Covid-19. L’argument principal que ces règles sont en contradiction totale avec le respect de la dignité humaine. De plus, elles ne sont plus conformes aux recommandations actuelles de l’Organisation mondiale de la santé ou de l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies). Les représentants des confessions religieuses ont exhorté les autorités à permettre à ceux qui meurent de Covid-19 d’être enterrés selon la tradition de la religion dans laquelle ils vivaient.

Selon l’Ordonnance du ministère de la santé du 6 avril 2020, les familles des personnes décédées des suites d’une infection au Covid-19 sont obligées de faire enlever le corps dans un délai maximum de 48 heures et de l’enterrer dans le temps le plus court possible. Les défunts sont placés déshabillés dans des sacs étanches doubles et aspergés de produits biocides à base de formol. Tout travail d’embaumement ou cosmétique est interdit. Le cercueil est scellé par les autorités dans les unités médicales et son ouverture est interdite. Il est également interdit d’introduire le cercueil dans l’église ou la chapelle mortuaire et le service religieux, restreint, est effectué dans un espace ouvert. À ces restrictions s’ajoutent celles concernant l’ensemble des services religieux, comme la limitation du nombre de participants à 16 personnes.

À la suite de ces prises de position et du fait des protestations de la population, le protocole spécifique sur la mort des patients infectés par le SRAS-CoV-2 a été modifié. Ainsi, selon les nouvelles règles, la famille fournira le cercueil et les vêtements du défunt. L’enterrement (ou la crémation) sera effectué avec le cercueil scellé, dans les conditions d’inhumation habituellement imposées, en respectant la volonté de la famille du défunt et les rituels du culte auquel il appartient.

Concernant les patients infectés par le SRAS-CoV-2, lors de l’hospitalisation dans le service de santé, les patients peuvent bénéficier, sur demande, d’une assistance religieuse, selon les spécificités de la confession à laquelle ils appartiennent, avec l’accord du médecin traitant. Afin d’assurer la protection du clergé et du patient, la visite peut avoir lieu dans les conditions suivantes :
 un seul responsable religieux peut entrer, une fois, chez le patient ;
 le temps alloué au service religieux est de 15 minutes maximum ;
 le responsable religieux porte un équipement de protection complet ;
 seuls les objets de culte qui peuvent être désinfectés avant et après utilisation seront acceptés, avec l’accord du médecin traitant ;
 les objets qui génèrent une flamme, une combustion ou une étincelle (bougies ou encens) ne sont pas autorisés.

  • Avril 2021 : L’intensification du dialogue entre l’État et les groupes religieux sur le thème de la vaccination contre le COVID-19

À l’occasion d’une réunion organisée par le Comité national de coordination des activités de vaccination contre le COVID-19, en coopération avec le Secrétariat d’État aux cultes, les représentants de 17 confessions religieuses (sur un total de 18 confessions religieuses reconnues en Roumanie) ont exprimé leur soutien pour informer leurs croyants sur la campagne de vaccination contre le COVID-19. Sur le même sujet, une rencontre a eu lieu le 16 février entre le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, et le patriarche de l’Église orthodoxe roumaine.

Toujours dans le contexte de la pandémie, les autorités ont annoncé que la participation physique des croyants au culte sera autorisée pendant les fêtes de Pâques cette année, mais dans le respect des règles sanitaires.

Bien qu’actuellement la circulation des personnes soit interdite après 20h, la circulation des personnes a été autorisée entre 20h le 3 avril et 2h le 4 avril, pour la participation aux services religieux à l’occasion de la Pâque catholique. Pour le 1er et le 2 mai, la Pâque orthodoxe, les autorités ont décidé quel trafic serait autorisé jusqu’à 5h du matin pendant la nuit de la Résurrection.

  • Novembre 2020 : Dialogue État-groupes religieuses dans le contexte de la pandémie du Covid-19

 Le 12 novembre, une réunion de travail a eu lieu au siège du Secrétariat général du gouvernement, en présence de représentants des confessions religieuses et des autorités publiques centrales chargées de lutter contre la propagation du virus SRAS-CoV-2. Selon le communiqué de presse, « la réunion a été destinée, à travers le dialogue et le partenariat entre les groupes religieux et les autorités publiques, à prendre des décisions dans la période à venir pour limiter la propagation du virus SRAS-CoV-2 qui répondront aussi bien aux besoins de protection de la santé publique qu’aux besoins religieux des fidèles ». Les autorités étatiques ont souligné l’importance du dialogue avec les représentants des cultes religieux, demandant le soutien des cultes pour la prochaine période au cours de laquelle l’État roumain fera des efforts considérables pour limiter la propagation du virus SARS-CoV-2 ;
 Le Secrétariat d’État aux Cultes a publié un ensemble de recommandations pour l’application pratique dans la conduite des activités religieuses des mesures ordonnées par les pouvoirs publics pour lutter contre la pandémie de Covid-19 ;
 Les pouvoirs publics ont décidé que les offices religieux pendant les vacances d’hiver peuvent également avoir lieu à l’intérieur des unités religieuses, à condition que les règles de distance sociale soient respectées ;
 Selon les communiqués de presse publiés le 14 décembre par le Secrétariat d’État aux cultes et le Comité national pour la coordination des activités relatives à la vaccination contre le Covid-19 (Gouvernement de la Roumanie), toutes les confessions religieuses de Roumanie seront impliquées au niveau national dans la campagne de vaccination contre le COVID-19, leur rôle étant d’informer correctement la population. De même, il a été souligné l’utilité de la Plate-forme de Dialogue (en ligne) entre les confessions religieuses et les représentants de l’État. Elle deviendra également un outil de communication au sujet de la campagne de vaccination contre le COVID-19. Dans le même temps, il a été convenu d’organiser régulièrement de telles réunions afin de renforcer un cadre institutionnel de dialogue.

  • Les restrictions sur les pèlerinages religieux dû au coronavirus ont été annulées par une décision de la justice

La Cour d’appel de Bucarest a annulé la décision qui autorise la participation aux fêtes religieuses uniquement pour les personnes qui ont leur domicile dans la localité où elles ont lieu.
Les restrictions imposées par la décision 47/2020 du Comité national pour les situations d’urgence, qui interdisent la participation à des pèlerinages de croyants extérieurs aux localités, ont été annulées par la Cour d’appel de Bucarest.
La décision du tribunal ne peut pas prendre effet, car la disposition est également incluse dans une décision gouvernementale en vigueur, qui n’a cependant pas été contestée devant le tribunal. La décision de la cour d’appel de Bucarest n’est pas définitive et peut faire l’objet d’un appel.

  • Octobre 2020 : Les relations Église-État et la crise sanitaire dans la perspective des élections

Pour lutter contre l’infection par le SARS-COV2, les autorités ont limité un certain nombre de droits civils. Nombre des mesures prises ont porté atteinte, directement ou indirectement, à la liberté religieuse. À l’occasion des deux grands pèlerinages qui ont lieu chaque année en Roumanie, celui de sainte Parascève le 14 octobre et celui de saint Démétrios le 27 octobre, les autorités publiques ont décidé de n’autoriser l’accès à ces pèlerinages, vérifié sur la base de la pièce d’identité, qu’aux habitants des villes où ces fêtes ont eu lieu, soit Iasi et Bucarest.
Ces mesures restrictives, qui s’ajoutent aux mesures antérieures qui avaient affecté la célébration de Pâques, ainsi que celles annoncés pour les fêtes de Noël, mais surtout le manque de transparence et de dialogue de la part des autorités étatiques qui ont imposé ces restrictions sans en avoir préalablement discuté avec les représentants des confessions religieuses, ont été interprétées par ces derniers comme des actes visant délibérément la liberté religieuse et non comme des mesures objectives de lutte contre la pandémie.
Dans le sermon du service religieux de saint Démétrios, le patriarche de l’Église orthodoxe roumaine s’est même opposé aux mesures imposées par l’État, à travers un discours faisant référence au régime communiste athée, au cours duquel les chrétiens avaient été persécutés :
« À l’automne 1989, lors de la fête de saint Démétrios-le-Nouveau, le 27 octobre, les autorités communistes avaient interdit la vénération des reliques de saint Démétrios, au motif qu’une réunion importante se tenait le même jour dans le bâtiment adjacent, où était localisée la grande assemblée nationale. Ainsi, le patriarche Teoctist a-t-il été contraint de transférer le reliquaire de la cathédrale. […] Cette humiliation de saint Démétrios-le-Nouveau a été réparée en ce sens que quelques mois plus tard le régime communiste est tombé, … Nous voyons ici qu’"on ne peut pas se moquer de Dieu", comme le dit le saint apôtre Paul (Galates 6,7). Il souffre depuis longtemps, mais Il est également juste. Premièrement, son amour miséricordieux n’interdit pas sa justice. Sa justice est montrée quand Il veut corriger les gens, en utilisant parfois des médicaments amers, pas seulement des médicaments doux, pour corriger les gens, et ainsi Il leur permet d’être disciplinés par diverses difficultés. »

Les réactions de la société civile au message du Patriarche, qui est sans précédent dans l’histoire récente des relations Église-État en Roumanie, ont été nombreuses, rapides, et extrêmement acides. Elles sont principalement réparties en deux catégories : commentaires critiques à l’égard du Patriarche, de l’Église orthodoxe roumaine et des fidèles orthodoxe (un journaliste bien connu a même comparé les croyants orthodoxes à du bétail), et commentaires manifestement favorables. Un troisième type de commentaire attire l’attention sur le fait que le fond de ce conflit n’est pas d’ordre religieux, mais politique, compte tenu de l’approche des élections législatives prévues pour le 6 décembre 2020.

Le serment d’allégeance des élus locaux

La reprise des mandats par les nouveaux élus locaux a réactivé une controverse ancienne liée au serment d’allégeance que tous les dignitaires sont obligés de prêter lors de leur prise de fonctions.
Conformément à la loi (art. 117 du Code administratif), les conseillers locaux / départementaux prêtent serment en posant la main gauche sur la Constitution ou la Bible, en disant : « Je jure de respecter la Constitution et les lois du pays et de faire en toute bonne foi ce qui est en mon pouvoir et ma compétence pour le bien des habitants du secteur / de la ville / du comté ... Que Dieu m’aide ! » La formule religieuse finale respectera la liberté des croyances religieuses, le serment peut être prêté sans utiliser cette formule.
Plusieurs conseillers locaux ou départementaux nouvellement élus, représentants d’un parti politique qui compte plus de 40 membres au parlement roumain et 8 membres au parlement européen, ont refusé dans plusieurs localités, individuellement ou en bloc, de jurer sur la Bible. À l’approche des élections législatives de décembre 2020, et puisque ce parti politique s’affirme progressiste et anti-système, le boycott présumé du serment d’allégeance a été interprété comme un message électoral anti-chrétien, dirigé contre la religion majoritaire.

  • Juin 2020 : L’Église orthodoxe roumaine et l’épidémie de Covid-19

Le représentant roumain au panel d’experts sur la liberté de religion à l’OSCE a rédigé un nouvel article sur l’Église orthodoxe, la pandémie et l’état de droit.

  • Mai 2020 : La polarisation et la radicalisation du discours religieux, effets de la crise sanitaire

L’épidémie de Covid 19 a amené les autorités à suspendre certains droits et libertés, notamment ceux concernant la vie religieuse collective. Cela a suscité un retour de la question des religions dans les débats publics, et un échange parfois tendu entre militants de la sécularisation et défenseurs des religions, sur différents débats. L’image des groupes religieux traditionnel, et leur capital de confiance, en a paradoxalement bénéficié. Les discussions ont été suscitées notamment par les restrictions de la liberté de culte, une campagne d’affichage exploitant l’imagerie sainte traditionnelle, des fausses informations fournies par des sites religieux, le traitement dont a bénéficié une personnalité religieuse infectée par la Covid 19, ou encore différentes critiques adressées aux religions et responsables religieux.
Un article complet détaillant ces différents débats est disponible en pdf.

  • Avril 2020 : La liberté religieuse pendant la crise sanitaire

Afin de prévenir la propagation de l’infection SARS-CoV-2, l’état d’urgence a été établi dans toute la Roumanie à partir du 16 mars 2020. Pendant cet état d’urgence, l’exercice de plusieurs droits a été restreint, notamment la libre circulation et la liberté de réunion. La limitation des libertés de circulation et de réunion des citoyens a inévitablement entraîné une détérioration de la vie religieuse publique.

À cet égard, des règles de distanciation sociale ont été progressivement mises en place. Actuellement, tous les lieux de culte sont fermés au public. Les services religieux continuent d’être célébrés par les ministres de culte, mais ils se font sans la participation du public, et ne peuvent être suivis que dans un environnement virtuel. Les lieux de culte peuvent cependant être ouverts au public pour des situations particulières. Les mariages, les baptêmes et les cérémonies funéraires sont autorisés dans les lieux de culte, avec une assistance de 8 personnes maximum.

L’activité sociale de la plupart des groupes religieux a également été adaptée aux nouveaux besoins sociaux et médicaux. À cet égard, de vastes programmes d’assistance sociale ont été lancés pour aider les personnes qui ne peuvent pas se déplacer (personnes isolées ou mises en quarantaine, personnes âgées isolées). Des dons en argent ou en matériel et équipement sanitaires ont aussi été faits au système médical.

Étant donné que plus de 86 % des Roumains sont orthodoxes, et en prévision de la Pâque orthodoxe qui sera célébrée en 2020 le 19 avril, le ministère de l’Intérieur a conclu un accord avec l’Église orthodoxe roumaine visant à préserver l’esprit des traditions de Pâques et montrer le respect dû à l’Église. Cet accord établissait les conditions dans lesquelles les croyants orthodoxes pourraient recevoir la sainte lumière et le pain sacré traditionnel de Pâques.

Les dispositions de cet accord étant considérées comme risquées pour la santé publique, puisqu’elles pouvaient favoriser la propagation du virus par le non-respect de la distance entre individus, l’accord a été modifié à la suite d’une intervention ferme du président de l’État. Par conséquent, les croyants orthodoxes ne pourront pas quitter leur foyer pour recevoir la lumière sainte, mais ils le feront soit sur le seuil de la porte soit par la fenêtre de leur logement, ou par l’intermédiaire d’un représentant dans le cas des logements collectifs. La lumière sainte sera distribuée le 18 avril à partir de 20h par des bénévoles accrédités par les paroisses orthodoxes (5 au maximum par paroisse). Les mêmes bénévoles, respectant toutes les normes actuelles de protection et d’hygiène, distribueront, à la demande, le traditionnel pain sacré (appelé paști) les 17, 18 et 19 avril. Dans les centres sociaux, dans les centres de quarantaine mais aussi dans les hôpitaux qui ne sont pas desservis par un prêtre, la lumière sainte sera distribuée par le personnel du ministère de l’Intérieur.

Ajout de mai 2020 : Commentaire de l’expert roumain à l’OSCE sur la liberté religieuse en Roumanie pendant et après la pandémie sur la situation en Russie, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

D 11 octobre 2022    AGabriel Birsan

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