Pologne
- Mai 2020 : La collaboration entre l’Église et l’État pendant l’épidémie de coronavirus
L’archevêque Stanislaw Budzik (Président du Comité des sciences de la foi de la Conférence épiscopale polonaise) a fait, le 31 mars, la déclaration suivante :
« Les restrictions à la liberté de mouvement et de réunion sont particulièrement douloureuses pour les fidèles, privés d’un accès direct à l’eucharistie et aux sacrements de l’Église. Mais nous pouvons nous connecter spirituellement au Christ Eucharistie par la télévision, la radio et les transmissions sur Internet. Nous pouvons utiliser ce moment difficile pour renouveler la pratique de la prière à la maison et en famille, pour des œuvres concrètes de miséricorde, en particulier envers les personnes âgées et les personnes seules, particulièrement exposées aux risques d’épidémies. La prière quotidienne du rosaire peut devenir pour nous une école de foi profonde combinée à un service sacrificiel au prochain, à l’exemple de Marie, secours des fidèles. »
La situation sanitaire en Pologne est moins préoccupante que dans d’autres pays (on compte environ 21 236 cas identifiés et 995 personnes décédées du coronavirus au 22 mai), ce qui s’explique par les mesures précoces prises par le gouvernement. Une fois de plus, il semble que la laïcité à la polonaise corresponde plutôt à une aimable collaboration entre l’Église et l’État. En fait, il n’était pas question d’interdire toute célébration en présence des fidèles. En outre, plusieurs messes et services sont diffusés chaque jour, notamment à la télévision publique, sans compter les émissions sur Internet organisées par les paroisses. Le 13 mars, le gouvernement polonais a déclaré un état d’urgence épidémiologique. Il a limité à 50 le nombre de personnes pouvant assister aux célébrations religieuses (à l’exclusion des célébrants). L’épiscopat a alors recommandé aux évêques diocésains d’accorder largement une exemption de participation à la messe, en particulier aux personnes âgées, aux malades, aux enfants et à leurs parents, etc. Entre le 24 mars et le 11 avril, seules cinq personnes ont été autorisées à assister à l’office. Après que la limite soit revenue à 50 personnes entre le 12 et le 20 avril, les offices peuvent désormais être célébrés en présence d’une personne par 15 m², et d’une personne par 10 m² depuis le 18 mai, tout en continuant bien sûr à respecter les règles en vigueur dans les lieux publics, à savoir les gestes barrière : le port d’un masque (disponible dans les pharmacies), le respect des distances sociales, etc.
Voir : Coronavirus : en Pologne, la vie (sacramentelle) continue.
Michał Zawiślak
- Mars 2020 : Coronavirus : nouvelles restrictions pour les cultes publics
En lien avec l’augmentation du nombre d’infections à coronavirus en Pologne, le ministre de la Santé a modifié, le 24 mars 2020, le règlement publié quatre jours auparavant dans lequel l’état d’épidémie sur le territoire de la République de Pologne a été annoncé. Les modifications ont consisté à introduire de nouvelles mesures d’urgence relatives au coronavirus, qui seront en vigueur jusqu’au 11 avril 2020.
Les nouvelles restrictions concernent, entre autres, le culte public. À partir du 25 mars, le nombre de participants à une cérémonie religieuse ne peut excéder 5 personnes (à l’exclusion des personnes qui dirigent le culte). Sur la base du règlement ministériel du 24 mars, l’organisation de tout autre rassemblement ou réunion n’est pas non plus autorisée (à l’exception des réunions des membres de la famille la plus proche ou des réunions nécessaires liées au travail). En outre, tout déplacement non essentiel a été interdit (les exceptions autorisées concernent l’exercice d’activités liées au travail, la satisfaction des besoins quotidiens de base, la lutte contre les effets du coronavirus ainsi que l’exercice du culte et la participation à celui-ci). Avant le 24 mars, les restrictions établies dans les règlements du ministre de la Santé des 13 et 20 mars étaient en vigueur (introduisant respectivement l’état d’urgence épidémique et l’état d’épidémie). Sur la base de ces règlements, le nombre de participants aux cérémonies religieuses (et à tout autre rassemblement) était limité à 50 personnes au maximum.
Dans le communiqué publié le 24 mars 2020, le président de la Conférence épiscopale polonaise, comme il l’avait déjà fait auparavant, a demandé aux Polonais de respecter les restrictions introduites par les autorités concernant le culte public. En même temps, il a encouragé les fidèles à prier chez eux, notamment en écoutant ou en regardant la Sainte Messe diffusée par les médias. Quelques jours auparavant (le 21 mars), la présidence de la conférence épiscopale polonaise avait publié des instructions sur "la réalisation d’activités liturgiques dans les semaines à venir", à l’intention des évêques diocésains. Dans ce document, les évêques étaient invités à prendre des décisions et à donner des instructions détaillées en se référant aux documents du Saint-Siège publiés les 19 et 20 mars : le décret de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements (sur les célébrations de Pâques), le décret de la Pénitencerie apostolique (sur l’octroi d’indulgences spéciales aux fidèles) et la note de la Pénitencerie apostolique (sur le sacrement de la réconciliation).
En même temps, il a été rappelé aux évêques "de ne pas utiliser l’absolution générale de manière illicite" (toutefois, il a également été clairement indiqué que l’absolution générale peut être utilisée lorsqu’il y a un danger de mort imminent et que la confession individuelle n’est pas possible). Il a également été précisé que "la confession par le biais de médias électroniques (par exemple, téléphone ou messagerie instantanée) n’est pas possible". Par ailleurs, il a été clairement demandé aux évêques de veiller à ce que le nombre de fidèles participant aux rassemblements religieux soit conforme aux recommandations actuelles émises par les autorités publiques. Il leur a également été rappelé de prolonger les dispenses de l’obligation de participer à la messe dominicale (les dispenses accordées précédemment concernaient la période allant jusqu’au 29 mars).
Piotr Stanisz
- Mars 2020 : Restrictions liées au coronavirus et culte public
En raison de la propagation de l’épidémie de coronavirus, le ministre de la Santé a déclaré l’état d’urgence épidémique sur l’ensemble du territoire de la République de Pologne. Le règlement correspondant a été publié le 13 mars 2020 et est entré en vigueur le jour même. La portée des restrictions autorisées pendant l’état d’urgence est régie par la loi du 5 décembre 2008 sur la prévention et la lutte contre les infections humaines et les maladies infectieuses. En vertu de son article 46, l’état d’urgence épidémique permet, entre autres, d’interdire l’organisation de rassemblements de toute nature. Parmi les solutions introduites en vertu du règlement du ministre du 13 mars 2020, il existe des restrictions concernant le culte public, y compris les services religieux organisés dans les églises et autres lieux de culte. Elles consistent à limiter le nombre de participants à la liturgie à 50 personnes au maximum, ce qui correspond à l’interdiction d’organiser des rassemblements de plus de 50 personnes, et à limiter le fonctionnement des restaurants et des grands centres commerciaux. Les écoles et les universités étaient déjà fermées depuis plusieurs jours.
Les restrictions au culte public ont été accueillies avec compréhension par les représentants des Églises et autres organisations religieuses. En ce qui concerne l’Église catholique, le Conseil permanent de la Conférence épiscopale polonaise a publié le 12 mars 2020 un document recommandant aux évêques diocésains d’accorder de larges dispenses de l’obligation de participer à la messe dominicale jusqu’au 29 mars. Dans son discours prononcé le 14 mars, le président de la Conférence épiscopale polonaise, l’archevêque Stanisław Gądecki, a explicitement encouragé les fidèles à profiter des dispenses accordées et à rester chez eux, ainsi qu’à regarder ou écouter les liturgies diffusées par les médias. Néanmoins, les églises sont restées ouvertes et les messes ont généralement été célébrées selon l’horaire habituel, bien que la participation des fidèles ait été faible, voire inexistante.
Seuls certains évêques diocésains ont décidé d’introduire des restrictions supplémentaires (par exemple, l’évêque du diocèse de Gliwice a annulé toutes les liturgies impliquant la participation des fidèles).
Dans l’enquête menée par l’IBRiS - Institut d’études sociales et de marché pour le journal Rzeczpospolita, 63,4 % des personnes interrogées considèrent que les décisions prises par les autorités ecclésiastiques sont adaptées à la situation, tandis que 16,9 % des personnes interrogées les considèrent comme un moyen insuffisant de protéger les fidèles de l’épidémie (19,7 % des personnes interrogées n’ont pas d’opinion claire sur cette question).
Piotr Stanisz