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2020

  • Mars 2020 : Les origines historiques du serment religieux dans l’État grec

En mars 2020, la présidente nouvellement élue de la République hellénique Ekaterini Sakellaropoulou a prêté le serment religieux suivant (selon l’article 33, §2 de la Constitution grecque) : "Je jure au nom de la Trinité Sainte, Consubstantielle et Indivisible d’observer la Constitution et les lois, de veiller à leur fidèle observation, de défendre l’indépendance nationale et l’intégrité du Pays, de protéger les droits et les libertés des Hellènes et de servir l’intérêt général et le progrès du Peuple Hellène". Après une prière, Hieronymos, archevêque d’Athènes, a lu ce serment qui a été répété par la nouvelle présidente.

Le serment religieux a été établi dans l’État grec pour des raisons historiques. Plus précisément, pendant la guerre d’indépendance grecque, la première Assemblée nationale d’Epidaure (1821-1822) a voté la première Constitution grecque. Cette Constitution de 1822, officiellement connue sous le nom de "Régime provisoire de la Grèce", commence par les mots "Au nom de la Sainte et Indivisible Trinité". Ces mots soulignent le rôle de l’orthodoxie dans ces circonstances. De plus, cette Constitution est fortement liée au christianisme et au rôle de la religion dans la construction de l’identité nationale grecque. Selon celle-ci, "tous les habitants indigènes du territoire grec qui croient au Christ sont des Grecs" (Régime provisoire de la Grèce, section B, §b). D’autre part, il convient de mentionner que les Saintes Écritures interdisent aux chrétiens de prêter serment. Jésus a dit dans l’Évangile de Matthieu : "[...] Mais moi, je vous dis de ne pas prêter de serment du tout : ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu" (Matthieu 5,34). Le serment religieux faisait partie des efforts de l’État grec nouvellement fondé pour transformer les rebelles en citoyens. L’État grec a adopté le serment de l’Église et a créé la cérémonie de prestation de serment, qui est devenue partie intégrante du secteur public.

Cependant, selon la Charte du Saint-Synode (en 1852), les prélats et les prêtres ne prêtent pas serment, mais ils donnent des assurances conformément aux canons sacrés et aux lois de l’État. Jusqu’à aujourd’hui, les prélats et les prêtres ne prêtent pas serment, mais ils mettent leur main droite sur leur poitrine, donnant ainsi leur garantie.
En conclusion, le serment religieux adopté par les ex-rebelles grecs et devenu partie intégrante de l’État grec, afin de garantir que les fonctionnaires et les citoyens remplissent honorablement leurs fonctions. Qu’il réussisse ou non serait l’objet d’une autre étude.

Sources :
 Régime provisoire de la Grèce (Προσωρινό Πολίτευμα της Ελλάδος), (connu comme la Constitution grecque de 1822).
 Constitution de la Grèce, telle que révisée par la résolution parlementaire du 27 mai 2008 du VIIIe Parlement de révision.
 Petropoulos, John Anthony (2015). Politics and Statecraft in the Kingdom of Greece. Princeton University Press.

D 2 décembre 2020    AEmmanouil Chalkiadakis

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