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2018

  • Novembre : La cathédrale nationale a été consacrée

Environ 40 000 fidèles ont participé le 25 novembre 2018 à l’office de consécration de la cathédrale nationale, ou cathédrale du salut, de la nation roumaine. L’office a été célébré par le patriarche Daniel de l’Église orthodoxe roumaine, et le patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople, aux côtés d’un grand nombre de hiérarques de Roumanie et d’ailleurs.

Les événements liés à la consécration se sont poursuivis le 30 novembre, fête du saint apôtre André, premier patron de la cathédrale. Cette fois, l’office a été célébré par le patriarche de l’Église orthodoxe roumaine, Daniel, et Théophile III, patriarche de Jérusalem.

Finalisée à 95 %, la cathédrale, dont la construction a commencé en 2010 et s’achèvera en 2024, fait 120 m de haut et est considérée comme le plus haut édifice orthodoxe du sud-est de l’Europe. Elle fait partie d’un ensemble architectural qui comprend 8 ascenseurs, 2 salles polyvalentes dotées d’autels qui feront office d’églises, 4 pavillons qui porteront les noms des apôtres Saint-André, Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Luc, chacun destiné à une fonction particulière (respectivement l’accueil des pèlerins religieux, l’accueil des pèlerins laïcs, l’action culturelle et missionnaire, l’action sociale et médicale), une bibliothèque, un hôtel, des salons de réception et la résidence du patriarche de l’Église orthodoxe roumaine. Les sous-sols renferment 4 bunkers antiatomiques, 42 cryptes, un musée de la chrétienté et divers espaces pour la communication avec les médias. La cathédrale peut accueillir jusqu’à 5 000 fidèles durant les offices. Conçue pour durer plus de 500 ans, la cathédrale est l’endroit le plus sûr en Roumanie en cas de séisme majeur.

L’idée d’édifier une cathédrale représentative de l’espace roumain remonte au lendemain de la Guerre d’indépendance de 1877-1878. Le projet a souvent été retardé ou bloqué pour des raisons idéologiques ou économiques, telles que les deux guerres mondiales, l’instauration du régime communiste athée, la transition lente et difficile à la démocratie d’après 1989 ou les fréquentes crises économiques. Cependant, l’Église, les rois de Roumanie, l’intelligentsia roumaine et une grande partie de la population n’ont jamais abandonné ce projet. L’importance de la cathédrale est moins due à sa fonctionnalité qu’à son statut de symbole. Tout d’abord, elle a le rôle d’affirmer l’identité du peuple roumain en tant que peuple indépendant et chrétien-orthodoxe. Ce n’est donc pas par coïncidence qu’elle a été consacrée, bien que n’étant pas encore complètement terminée, autour de la journée du 1er décembre 2018, fête nationale de Roumanie mais aussi date de la célébration du centenaire de la grande union, événement de la plus haute importance dans l’histoire du peuple roumain.

Ainsi, la consécration de la cathédrale nationale a la valeur d’un acte symbolique avec une signification nationale et politique, qui souligne la souveraineté de l’État roumain et le statut autocéphale de l’Église orthodoxe roumaine, ainsi que le rôle immense de l’Église dans la survie des Roumains comme nation.
Mais ces derniers temps, la construction de la cathédrale a été très critiquée, en particulier en raison de son important financement par l’Etat. En novembre 2018, les coûts des travaux, déclarés par l’Église orthodoxe roumaine, s’élèvent à 110 millions d’euro, dont 75 % provenant de fonds publics.

Pour plus d’information sur la cathédrale voir le site officiel (en roumain).

  • Octobre 2018 : Le référendum pour la "famille traditionnelle" a échoué

Les 6 et 7 octobre 2018, un référendum s’est tenu en Roumanie pour modifier l’art. 48 (1) de la Constitution en remplaçant la mention « entre époux » par celle, plus restrictive, « entre un homme et une femme ». Le démarche s’est basée sur une initiative citoyenne, la première lancée en Roumanie depuis la chute du communisme en 1989, initiée par la Coalition pour la famille à la fin de 2015. Elle a été activement soutenue par les représentants des cultes religieux.

Les ONG qui défendent les droits de l’homme ont vu dans cette initiative une réduction des droits des minorités LGBT. La Cour constitutionnelle a toutefois approuvé la proposition de modification de la Constitution, notant qu’elle n’interfère avec aucun droit individuel. La proposition de révision a également été approuvée par la Chambre des députés et par le Sénat. Avant la tenue du référendum, la Coalition pour la famille a conclu un accord de coopération avec les principaux partis parlementaires, qui promettaient de soutenir cette révision de l’art. 48 (1) de la Constitution.

Malgré ce soutien, au moins théorique, le référendum a échoué car le seuil de validation (soit 30 % du nombre d’inscrits sur les listes électorales permanentes, voir Art. 5 (2) de la Loi no. 3/2000 sur l’organisation et le déroulement du référendum) n’a pas été atteint. Selon le Bureau électoral central, 21,1 % des Roumains ayant le droit de vote (3 731 704 nombre total d’électeurs) ont participé au scrutin au cours des deux jours de la consultation. Le référendum des 6 et 7 octobre a donc eu le plus faible taux de participation depuis 1990. L’amendement constitutionnel a été soutenu par 91,56 % des votants (voir le site officiel du Bureau électoral central).

Dans la législation roumaine, le mariage est déjà régi par l’article 277 du Code Civil, qui interdit d’autres formes de cohabitation équivalentes (mariages et unions homosexuels). Toutefois, il est permis aux conjoints, ressortissants des États membres de l’Union européenne et/ou ressortissants de pays tiers, ayant contracté un mariage entre personnes de même sexe dans un état membre de l’Union européenne, de rester sur le territoire de l’État roumain dans les conditions prévues par le droit européen.

Ainsi, bien que le référendum n’ait pas été validé, la Roumanie reste un des pays européens qui n’accorde pas de reconnaissance légale aux couples de même sexe. D’autres pays d’Europe orientale, tels que la Bulgarie, la Lettonie, la République de Moldavie, le Monténégro, la Pologne, la Serbie, l’Ukraine, la Croatie, la Macédoine, la Slovaquie et la Hongrie, limitent dans leur Constitution le mariage aux personnes de sexe opposé. A titre de comparaison, 13 États européens autorisent les mariages entre personnes de même sexe (voir l’article d’Eurel, "Le mariage des couples de même sexe") en Europe.

  • Septembre 2018 : Le référendum pour la redéfinition de la famille sera organisé

Le 10 septembre 2018, le Sénat, en sa qualité d’organe décisionnel, a adopté le projet de loi proposant de modifier l’article 48 de la Constitution pour affirmer que la famille est fondée sur le mariage entre un homme et une femme et non entre les conjoints, comme il est actuellement stipulé (voir article sur le mariage). Nous rappelons que la Chambre des députés a déjà adopté en mai 2017 l’initiative citoyenne de révision de la Constitution, qui défend la famille traditionnelle.

Cette disposition, qui est destinée à être introduite dans la Constitution, se trouve déjà dans le Code civil, mais la Coalition pour la famille, l’association qui, avec le soutien des institutions religieuses, a recueilli plus de 3 millions de signatures pour la révision de la loi fondamentale, affirme que la famille traditionnelle serait ainsi mieux protégée.

Le 17 septembre 2018, la Cour Constitutionnelle de Roumanie a approuvé la loi sur la révision de la Constitution. Le lendemain, le 18 septembre, le Gouvernement roumain a adopté une Ordonnance d’urgence qui établit l’organisation du référendum pendant deux jours, le 6 et le 7 octobre 2018, entre 7 h et 21 h. La question à laquelle les électeurs répondront par « oui » ou par « non » est « Êtes-vous d’accord avec la loi révisant la Constitution de la Roumanie sous la forme adoptée par le Parlement ? »

Les Roumains vivant à l’étranger pourront également voter dans les bureaux de vote installés dans les missions diplomatiques et les bureaux et instituts consulaires.

  • Juillet 2018 : La Grande Mosquée de Bucarest ne sera pas construite

Le Conseil roumain du culte musulman a déclaré qu’il avait abandonné l’idée d’élever une des plus grandes mosquées dans un pays chrétien, à Bucarest, comme annoncé il y a trois ans (voir Archives des débats, octobre 2016). La raison invoquée a été le manque de fonds.

En 2015, l’État roumain avait donné au culte musulman de Roumanie un terrain de 11 000 mètres carrés, sur une période de 49 ans, pour la construction d’une mosquée et d’un centre culturel. La seule condition était que l’investissement commence dans les trois ans. L’idée d’élever une mosquée dans la capitale roumaine, compte tenu des proportions gigantesques du projet, a provoqué des vagues d’insatisfaction dans la société roumaine.
A cette époque, le Mufti avait déclaré que les fonds nécessaires pour la construction de la mosquée, d’environ trois millions d’euros, seraient payés par l’État turc. Au bout de trois ans, lorsque la date limite pour commencer le projet a été atteinte, le Mufti a annoncé que le projet d’élever cette mosquée dépassait de beaucoup le budget prévu.

Cependant, des observateurs avisés de la vie publique roumaine ont suggéré que les raisons de l’abandon de la construction de la mosquée pourraient être autres, le manque de fonds n’étant qu’un prétexte.
L’une des raisons peut être la réticence d’une partie de la société roumaine face au projet de la construction d’une mosquée qui, par sa taille, peut avoir le statut de symbole, dans la capitale d’un pays majoritairement chrétien. Cette réticence s’explique par rapport au passé historique conflictuel entre les deux États auquel s’ajoute la peur diffuse actuelle du terrorisme islamique.
De même, la raison de la politisation du sujet peut être plausible. L’arrêt du financement de la mosquée par l’État turc reflètent, soit de vraies difficultés financières du régime d’Ankara, soit le fait qu’Ankara s’est rendu compte que la mosquée risquait de perturber les relations avec la Roumanie, un partenaire stratégique de l’État turc à la fois bilatéralement et dans l’alliance de l’OTAN.

Le Conseil roumain du culte musulman a également annoncé qu’il avait restitué le terrain à l’État roumain, signe que le projet d’une grande mosquée à Bucarest est pour le moment abandonné.

Pour en savoir plus, voir l’article d’Adevărul (en roumain).

  • Mars 2018 : Le Vendredi saint, jour férié en Roumanie

Le Vendredi saint est officiellement devenu une fête légale. La loi pour l’application de l’alinéa n° 1 de l’art. 139 du Code du travail a été adoptée par la chambre des députés et promulguée par le président de la Roumanie en mars de cette année. Ainsi, la Roumanie rejoint les 16 autres pays de l’UE où le Vendredi saint est un jour férié.

Le Code du travail fixe désormais les jours suivants comme jours fériés légaux : le 1 et 2 janvier ; le 24 janvier (Journée de l’union des principautés roumaines) ; le Vendredi saint ; le premier et le deuxième jour de Pâques ; le 1er mai (journée du travail) ; le 1er juin (journée de l’enfant) ; le premier et le deuxième jour de la Pentecôte ; le 15 août (assomption de la Vierge) ; le 30 novembre (Saint André) ; le 1 décembre (fête nationale de la Roumanie) ; le 25 et le 26 décembre (premier et deuxième jour de Noël).

La Roumanie compte donc maintenant 15 jours fériés légaux, dont 9 sont basés sur des fêtes religieuses chrétiennes.

D 19 septembre 2018    AGabriel Birsan

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