17e-19e siècle : la Suède est une société agraire
L’histoire de la Suède moderne trouve ses racines dans la société agraire dont la vie gravitait autour de la paroisse locale, du combat pour la survie et de la foi en Dieu. C’est durant cette période agraire que le christianisme a été établi et organisé en tant que religion nationale en Suède. La division géographique des congrégations de l’Église de Suède (les paroisses locales) s’est développée en fonction des besoins de la société agraire.
La production correspondait principalement à ce que la nature pouvait offrir. La famille constituait l’entité de base de la production et les liens sociaux étaient locaux et basés sur la famille. La vie de la société était sans imprévu et régie par la tradition. Le lien local favorisait un mode de vie sédentaire et des schémas de vie qui privilégiaient la pérennité. Les saisons généraient une vue générale et cyclique du temps : les gens s’attendaient à ce que les expériences passées se répètent. Les changements étaient considérés comme une menace car ils interféraient avec la répétition et la pérennité. Sécurité, stabilité, pérennité et solidarité familiale, telles étaient les valeurs fondamentales. Celles-ci étaient légitimées et préservées par l’Église dans une large mesure.
L’Église et l’État étaient très étroitement liés jusqu’au milieu du 19e siècle. Il est difficile de concevoir un tel lien actuellement. L’Église et l’État, la paroisse et la municipalité constituaient un seul et même élément. Plusieurs représentants du Parlement suédois étaient des membres du clergé et représentaient ainsi un élément incontournable de l’État dans la conduite du développement social. L’autorité du prêtre local (toujours un homme) était incontestée. Celui-ci avait, en outre, un rôle de fonctionnaire et d’agent de l’État incluant des obligations juridiques et éducatives, et des fonctions d’information et de gardien. De la naissance jusqu’à la mort, les activités humaines se déroulaient dans le cadre des rites de l’Église. En raison de la position dominante des autorités locales et de la lenteur des changements, les valeurs de la société et de l’Église pouvaient être transmises d’une génération à l’autre sans subir de modifications importantes. Le statut de citoyen était associé au baptême et la confirmation correspondait à la majorité, au passage dans le monde adulte et à ses valeurs selon les rites classiques de passage. Le service divin ne se résumait pas uniquement à une cérémonie religieuse, mais constituait aussi un lieu de rencontre central pour des activités sociales variées. Les annonces publiques faites depuis la chaire durant le service représentaient d’importantes sources d’informations. Selon la loi suédoise, chaque citoyen avait l’obligation de participer à la sainte communion au moins une fois par an. L’Église était également en charge de la majorité des services sociaux, incluant l’aide aux pauvres, la santé publique et l’éducation.
Une autre appartenance religieuse n’était pas acceptée. Dans le cadre du contrôle religieux, un décret spécial de 1726 a interdit les réunions religieuses autres que celles de l’Église établie, dans l’intention de contenir le mouvement piétiste croissant. Néanmoins, quinze ans plus tard, en 1741, les premiers petits pas vers la liberté religieuse ont été faits, lorsque certains groupes d’immigrants dans certaines villes ont été autorisés à appartenir à une autre Église ou à une autre confession. Cependant, ce n’est qu’en 1860 qu’une nouvelle loi a permis aux citoyens suédois de quitter l’Église luthérienne d’État, mais seulement s’ils devenaient membres d’une autre confession chrétienne approuvée par l’État.