Introduction de l’instruction religieuse islamique
L’enseignement religieux islamique dans les écoles publiques
Diverses expériences pilotes visant à instaurer un enseignement islamique - généralement en langue turque - dans les écoles publiques ont été menées dans différents Länder depuis la fin des années 1980. Elles étaient souvent conduites en lien avec l’État turc qui était initialement l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics allemands mais les autorités publiques ont manifesté le souhait de s’affranchir le plus possible des influences étrangères. C’est ainsi qu’une étape importante a été franchie en 2004.
Après avoir obtenu le statut de communauté religieuse à la fin de l’année 2004 dans plusieurs Länder (le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Bavière et la Hesse), la communauté alévie d’Allemagne (Alevitische Gemeinde Deutschlands) a pu mettre en place dans ces Länder un cours de religion islamique (alévie) dans plusieurs écoles primaires. Conformément à l’article 7-3 de la Loi fondamentale (voir Enseignement religieux à l’école publique – situation légale), cet enseignement est placé sous l’autorité des ministres de l’éducation concernés, en accord avec la communauté alévie d’Allemagne. L’expérience introduite dès 2006 dans le Bade-Wurtemberg, puis en Rhénanie du Nord-Westphalie et en Bavière et enfin en Hesse, reste toutefois très marginale. En effet, les alévis sont minoritaires sur le territoire allemand (ils représentent entre 12 et 13 % des musulmans présents en Allemagne). On estime que les cours de religion alévie sont dispensés auprès de quelque 500 élèves alévis, alors qu’on compte entre 700 000 et 900 000 élèves musulmans en Allemagne.
Du point de vue des pouvoirs publics, un des obstacles principaux à la mise en place de l’enseignement religieux islamique est l’absence d’interlocuteur musulman représentatif. A cet égard, un tournant a été récemment pris. La conférence allemande sur l’islam (Deutsche Islamkonferenz), mise en place en 2006 par le ministre de l’Intérieur Wolfgang Schäuble, résulte de la volonté de ce dernier de faire émerger une structure représentative des musulmans. Elle rassemble 5 organisations musulmanes, qui représentent environ 15% de la population musulmane d’Allemagne. Or, la Deutsche Islamkonferenz a récemment adopté en 2008 le principe de l’introduction d’un enseignement islamique dans les écoles publiques, généralisé à l’ensemble du territoire allemand selon les modalités prévues à l’article 7-3 de la Loi fondamentale. La Rhénanie du Nord-Westphalie est le premier Land à avoir introduit dans 44 écoles primaires à la rentrée scolaire 2012 un enseignement religieux islamique, dispensé par quelque 40 enseignants. Un conseil indépendant (Beirat), chargé du recrutement des professeurs de religion islamique et des programmes, a été créé à cet effet. En font partie huit experts en théologie islamique et en didactique de l’enseignement religieux : quatre d’entre eux ont été choisis par des organisations islamiques et les quatre autres par le ministère de l’Éducation en accord avec les fédérations islamiques. En 2012-2013, ce cours confessionnel a concerné entre 2000 et 2500 élèves en Rhénanie du Nord-Westphalie. Le manque d’enseignants, ainsi que l’absence de manuels et de programmes, pourraient toutefois compromettre la mise en œuvre d’un enseignement religieux islamique. Il ne s’agit là toutefois que des prémices de l’introduction générale d’un cours de religion islamique dans les établissements secondaires dans les différents Länder.
Pour plus d’information, voir Focus, Süddeutsche, DIK.
La mise en place de cursus de théologie islamique dans des universités publiques
En lien avec la question de l’organisation d’un enseignement islamique à l’école, la problématique de la formation des « maîtres » musulmans (imams et professeurs de religion) s’est également imposée aux pouvoirs publics. Une étape décisive a été franchie avec la mise en place d’instituts de théologie islamique au sein même de trois universités allemandes (à Osnabrück, Münster et Tübingen) dès la rentrée universitaire 2011.
Pour plus d’information, voir Süddeutsche.