eurel     Données sociologiques et juridiques sur la religion en Europe et au-delà
Vous êtes ici : Accueil » Suisse » Questions et débats actuels » Archives des débats

Archives des débats

2022

Janvier 2022 : Votation sur le « Mariage pour tous » en Suisse : une faible opposition religieuse
Le référendum sur le « mariage civil pour tous » en Suisse a eu lieu le 26 septembre 2021. Il (...)

  • Janvier 2022 : Votation sur le « Mariage pour tous » en Suisse : une faible opposition religieuse

Le référendum sur le « mariage civil pour tous » en Suisse a eu lieu le 26 septembre 2021. Il était demandé à la population de se prononcer sur une modification du Code civil visant à légaliser le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe, et la « procréation médicalement assistée » pour les couples de femmes (mais pas pour les femmes seules). Il a été approuvé à une large majorité de 64,10 % des suffrages exprimés et à l’unanimité des cantons. Son entrée en vigueur aura lieu le 1er juillet 2022. Avec ce « oui » dans les urnes, la Suisse rejoint la trentaine de pays dans le monde qui a déjà ouvert le mariage civil aux couples homosexuels, et les 7 pays européens qui autorise la PMA pour les couples lesbiens.

En Suisse, toute modification de la loi fédérale peut être sujette à une consultation populaire. Lorsqu’une nouvelle loi ou une révision législative est votée à la majorité du parlement et publiée, toute personne opposée à son entrée en vigueur dispose d’un délai de cent jours pour récolter 50 000 signatures de citoyen-ne-s suisses contre. Le cas échéant, la loi est soumise à un référendum et n’entre en vigueur que si la majorité des votant-e-s se prononce favorablement.

Le texte de loi voté par le parlement fédéral le 18 décembre 2020 est publié dans la Feuille fédérale le 31, déclenchant ainsi le délai de cent jours pour la récolte des signatures. Deux comités distincts sont à l’initiative : le premier, mené par l’Union Démocratique Fédérale, s’intitule « Non au mariage pour tous » et le second, mené par des parlementaires de l’Union démocratique du centre (UDC) et du parti Le Centre, rejoints par le Parti Evangélique Suisse, s’intitule « Non au don de sperme pour les couples de même sexe ». Un troisième comité se lance plus tard, intitulé « Non à l’enfant-marchandise », constitué essentiellement de députés UDC valaisans. Le 12 avril 2021, les opposants au « mariage civil pour tous » annoncent déposer à la Chancellerie fédérale 59 176 signatures certifiées. Le 27 avril 2021, celle-ci constate formellement l’aboutissement du processus, déclenchant la mise à la votation de la loi adoptée par le parlement. Le 19 mai, le Conseil fédéral fixe la date de la votation au 26 septembre 2021.

En discussion au parlement fédéral depuis 2013 à l’initiative du parti des Vert’libéraux, ce projet de loi s’est vu opposé les principaux partis se revendiquant d’inspiration chrétienne du pays. Mais durant la campagne référendaire, les organisations chrétiennes se sont, quant à elles, révélées peu mobilisées et aucune n’a menacé de prendre la rue. Si la démarche référendaire a été ouvertement soutenue par le Réseau évangélique suisse, l’Église évangélique réformée s’est prononcée pour le « oui » (certaines de ses composantes pratiquant déjà les bénédictions des couples de même sexe), quant à la Conférence des évêques suisses, elle s’est faite discrète dans son opposition, contrairement à l’épiscopat français 9 ans plus tôt. « C’était notre hantise que cela se passe comme ça s’est passé en France » déclare Mehdi Künzle, président de l’association vaudoise Vogay mobilisée en faveur du « oui », au magazine Têtu. Le contre-exemple français, l’habitude du pluralisme religieux, le fait que les grandes organisations chrétiennes soient tenues par leur reconnaissance publique dans la majorité des cantons, une tradition protestante historiquement hégémonique beaucoup moins crispée sur les questions de genre et de sexualité que le catholicisme, et une certaine idée du respect des droits individuels dans un pays libéral-conservateur, ont sans doute joué en faveur de cette relative acceptation religieuse de ce nouveau pas vers l’égalité entre les sexes et les sexualités.

D 21 janvier 2022    AJosselin Tricou

2021

Mars 2021 : Les Suisses ont accepté l’initiative interdisant le voile intégral
Les Suisses ont voté dimanche 7 mars, à une courte majorité (51,2% de "oui" et 18 cantons sur 26), l’initiative (...)

  • Mars 2021 : Les Suisses ont accepté l’initiative interdisant le voile intégral

Les Suisses ont voté dimanche 7 mars, à une courte majorité (51,2% de "oui" et 18 cantons sur 26), l’initiative en faveur de l’interdiction de dissimuler son visage dans les lieux publics. Bien que le voile intégral n’ait pas été mentionné dans le texte, les femmes musulmanes qui portent la burqa ou le niqab qui sont en premier lieu visées par cette interdiction.

La polémique autour de l’initiative populaire, appelé "initiative anti-burqa" (voir le débat de juin 2020) est devenue une source de débats très animés en Suisse depuis plusieurs années, et différents bords politiques se l’approprient : l’UDC (l’Union démocratique du centre/droite conservatrice) contre l’immigration, contre l’islam, contre l’islamisation de la Suisse ; la gauche laïque contre le retour de signes religieux dans l’espace public ; les féministes qui entendent continuer leur lutte pour l’émancipation de la femme. Des initiatives populaires et des interventions parlementaires (au niveau cantonal) exigeant une interdiction de se dissimuler le visage ont été déposées dans les cantons de Berne (2010), du Tessin (2013), de Bâle-Ville (2013), de Saint-Gall (2013), de Zurich (2016) et de Glaris (2017). Elles n’ont abouti que dans les cantons du Tessin et de Saint-Gall qui ont introduit cette loi dans leurs constitutions cantonales.

En 2017, le comité d’Egerkingen, qui était également à l’origine de l’initiative anti-minarets en 2008, a collecté des signatures pour soumettre cette interdiction à la votation populaire au niveau fédéral et ainsi l’inscrire dans la Constitution fédérale. Avec son texte, le comité d’initiative, composé de nombreux élus de l’UDC, estime qu’interdire la dissimulation du visage contribue à prévenir les attaques terroristes et d’autres formes de violence. Ils affirment aussi vouloir promouvoir l’égalité des sexes, en libérant des femmes "contrôlées, opprimées, tenues prisonnières". Certaines féministes et des musulmans libéraux se sont également prononcés en faveur du texte. Toutefois, à l’exception de l’UDC, tous les partis de la gauche au centre étaient contre ce texte.

Le gouvernement fédéral et le Parlement se sont également opposés à cette mesure et ont proposé un contre-projet en arguant que l’initiative s’attaque à un problème qui n’existe pas. Selon certaines études, seules une trentaine de femmes en Suisse portent le voile intégral et la majorité d’entre elles le font clairement de manière volontaire. Dans le rapport explicatif, le Conseil Fédéral présume que cette prescription vestimentaire posera non seulement des difficultés d’application, mais sera également susceptible de porter atteinte à plusieurs droits fondamentaux comme la liberté religieuse et la liberté personnelle. Si elle peut avoir un effet positif pour certaines femmes contraintes de se dissimuler le visage, il n’est pas exclu que l’initiative ait pour conséquence que d’autres femmes se confinent chez elles, ce qui aggravera leur marginalisation et leur isolement social. Selon les autres opinions, l’initiative anti-burqa risque de "banaliser l’ambiance xénophobe et raciste" à l’encontre des femmes musulmanes et pourrait avoir un effet contre-productif, par exemple en radicalisant certaines personnes, comme on l’observe dans d’autres pays. Ainsi, cette initiative menacerait la cohésion sociale et attiserait inutilement les conflits.

En acceptant l’initiative de l’interdiction de dissimuler son visage dans les lieux publics, la Suisse rejoint désormais quelques pays européens comme la France, l’Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark qui ont déjà introduit cette mesure. Un délai de deux ans est fixé pour que le Parlement élabore ensuite une loi sur la base du texte de l’initiative, concrétisant les exceptions et prévoyant les sanctions.

D 10 mars 2021    AZhargalma Dandarova-Robert

2020

Décembre 2020 : Site d’informations sur l’islam et les musulman-e-s en suisse
Un site d’informations sur l’islam et les musulman-e-s dans le contexte suisse a été mis en place par le Centre (...)

  • Décembre 2020 : Site d’informations sur l’islam et les musulman-e-s en suisse

Un site d’informations sur l’islam et les musulman-e-s dans le contexte suisse a été mis en place par le Centre Suisse Islam et Société de l’Université de Fribourg, Islam&Society.
Il est divisé en 2 principales sections : l’une sur les musulmanes et musulmans en Suisse (données socio-démographiques, histoire de la présence, organisations musulmanes et débats publics) et une seconde thématique, avec des informations sur l’action sociale musulmane, l’aumônerie, corps-genre-sexualité, discrimination, jeunes, imams, médias et radicalisation.

  • Juin 2020 : Rejet de l’initiative « anti burqa » par le Parlement suisse

Le Conseil national vient de se prononcer sur une initiative populaire (la Suisse étant une démocratie directe) de 2017 visant l’interdiction de se dissimuler le visage dans l’espace public lancée au niveau fédéral par le Comité Egerkingen. Ce groupe avait également été à l’origine de l’initiative contre la construction de minarets, acceptée par le peuple suisse en 2009. En septembre 2019, le Conseil des États a rejeté l’initiative désormais connue sous le nom d’anti-burqa. En juin 2020, le Conseil national, le second organe parlementaire, s’est également dit défavorable à cette initiative. À présent, ce sera au tour du peuple de se prononcer sur cette question.

Le débat se structure majoritairement autour du port de la burqa ou du niqab, car la proposition de loi prévoit d’inscrire dans la Constitution que « nul ne peut contraindre une personne de se dissimuler le visage en raison de son sexe ». Cependant, l’initiative vise également d’autres formes de dissimulation, comme les cagoules des hooligans. En revanche, des exceptions sont accordées pour des situations liées à la sécurité, aux raisons climatiques, à des coutumes locales ou encore à la santé. Ce dernier point permettra de ne pas risquer l’interdiction du port des masques sanitaires, devenus un enjeu important durant la crise liée au coronavirus.

L’opposition à cette initiative, majoritairement constituée de partis de gauche ou d’ONG comme HumanRights, dénonce sa portée islamophobe ainsi que l’atteinte à la liberté individuelle. La gauche avance également que les femmes portant un voile intégral en Suisse ne représentent qu’une infime minorité des musulmanes en Suisse. En effet, il n’existe pas de statistiques sur le port de la burqa ou du niqab dans le pays ; cependant, si la France comptait en 2009 selon le ministère de l’Intérieur environ 1630 femmes portant ce type de tenue, on estime qu’en Suisse le chiffre se situe entre 95 et 130. Enfin, cette initiative peut être perçue comme un instrument de la droite visant à stigmatiser les femmes musulmanes en Suisse.

Rappelons que deux initiatives du même ordre ont été acceptées au niveau cantonal, au Tessin en 2013 et dans le canton de Saint Gall en 2018. Ces lois cantonales prévoient une amende de 100 CHF minimum en cas d’infraction.

Voir Le Temps.

  • Mai 2020 : Le coronavirus et la vie religieuse en Suisse

En Suisse, la pandémie liée au Covid-19 a entraîné divers changements dans la vie religieuse et spirituelle. Durant deux mois, les lieux de culte ont dû fermer leurs portes, favorisant des réaménagements de pratiques et l’émergence de nouvelles interprétations.

Dans l’église catholique, par exemple, il est habituellement extrêmement rare que les femmes prennent la parole durant les offices religieux. Cependant, en raison de l’impossibilité de se rendre à des célébrations et de l’absence de prêtre, certaines cérémonies comme l’eucharistie ont été l’occasion d’innovation et ont permis aux femmes de prendre la parole.

En effet, les cérémonies religieuses, toutes confessions confondues, ont pour la majorité été annulées pendant plusieurs mois avant de pouvoir reprendre sous certaines conditions le 28 mai. En revanche, les funérailles étaient autorisées mais uniquement dans l’intimité des familles. Ces restrictions ont débouché sur des ajustements et des solutions créatives pour accompagner les familles endeuillées.

La crise sanitaire donne aussi lieu à diverses interprétations du monde, de l’individu et du virus. Le Centre intercantonal d’information sur les croyances affirme que les courants comme les télévangélistes ou encore les témoins de Jéhovah s’appuient sur une interprétation apocalyptique et associent le virus à une punition divine qui confirmerait ainsi les écrits bibliques. Par ailleurs, des milieux spirituels New-Age et néo-chamanique interprètent le virus de manière différente, où l’humanité serait perçue comme « un énorme coronavirus pour la planète ».

  • Janvier 2020 : Augmentation des « sans religion » et autres évolutions en Suisse

Selon le relevé structurel mené en 2018 et dont les résultats ont été publiés en 2020 par l’Office fédéral de la statistique, la part des personnes « sans religion » en Suisse a fortement augmenté entre 2010 et 2018, atteignant ainsi 25 % de la population. Dans les années 1970, les catholiques et les protestant-e-s représentaient encore la quasi-totalité de la population. La diminution des personnes s’identifiant à ces deux religions est telle qu’en 2018 les catholiques ne représentent plus que 36,5 % de la population et les protestant-e-s 24,4 %. Le nombre de personnes musulmanes, en revanche, a progressé de 0,8 % et s’élève ainsi à 5,2 % de la population. Les bouddhistes (0,5 %) et hindouistes (0,6 %) sont plus nombreux que la communauté juive qui représente seulement 0,3 %.

En ce qui concerne les pratiques, moins de 20 % des « sans religion » ont assisté à un événement religieux institutionnel au cours de la dernière année. Le groupe religieux affichant le moins de pratiques est constitué des musulman-e-s, dont la part de personnes n’ayant pas participé à un événement et n’ayant pas prié s’élève à 46 % et 40 % respectivement. Les musulman-e-s sont suivi-e-s par les protestant-e-s réformé-e-s puis par les catholiques romains. En revanche, les membres des communautés évangéliques sont 72 % à avoir participé à une célébration religieuse au moins une fois par semaine. Finalement, de manière générale, les femmes prient plus que les hommes et sont plus susceptibles d’adhérer à une religion.

Sources principales : site de l’OFS et Le Matin.

D 2 décembre 2020    ANatalie Aberer

2019

Février 2019 : La loi sur la laïcité de l’Etat
Le 10 février dernier, les Genevois ont adopté par référendum, à 55 % des votants pour une participation de 44 % des électeurs, une loi (...)

  • Février 2019 : La loi sur la laïcité de l’Etat

Le 10 février dernier, les Genevois ont adopté par référendum, à 55 % des votants pour une participation de 44 % des électeurs, une loi controversée sur la laïcité de l’Etat. En Suisse, les relations entre Etat et communautés religieuses sont gérées différemment au niveau de chacun des 26 cantons. Dans la plupart d’entre eux, des relations privilégiées existent entre le canton et les communautés historiquement présentes, chrétiennes pour la plupart. Seuls ceux de Genève et Neuchâtel utilisent le concept ambigu de laïcité.

Dans un contexte de sécularisation croissante – en 2017, 26 % des 15 ans et plus habitant le pays se déclarent sans religion selon une enquête récente de l’OFS –, et de présence croissante de communautés musulmanes, les relations entre les cantons et leurs communautés sont rediscutées et clarifiées. C’est l’enjeu du texte genevois qui prévoit notamment l’instauration d’un enseignement du fait religieux, et ouvre la voie à la perception d’une contribution religieuse pour toutes les communautés, avec le concours des services étatiques.

Jusqu’alors, cette prérogative était réservée de fait aux Eglises chrétiennes historiques. Mais le texte, initié par la droite et soutenu par les Eglises historiques, prévoit aussi de pouvoir interdire aux fonctionnaires et aux élus le port de signes d’appartenance religieuse. Il a été combattu par une partie de la gauche qui s’est divisée sur la question. L’essentiel des débats avant le vote s’est concentré sur ces dispositions. Elles relèvent de la liberté de croyance individuelle, protégée par la Constitution fédérale et la Convention européenne des droits de l’homme. Deux recours juridiques ont d’ailleurs été lancés par les opposants au texte, qui pourraient impacter l’entrée en vigueur du texte prévue dans quelques mois.

Voir aussi l’article de Jean-François Mayer, "Suisse : la nouvelle loi genevoise sur la laïcité – l’État doit-il s’occuper des religions ?", Religioscope, 11 février 2019.

D 26 février 2019    ACamille Andres

2018

Octobre 2018 : Naturalisation refusée pour une poignée de main
En juillet 2018, un couple de religion musulmane s’est vu refuser la nationalité suisse en raison de leur refus de serrer la (...)

  • Octobre 2018 : Naturalisation refusée pour une poignée de main

En juillet 2018, un couple de religion musulmane s’est vu refuser la nationalité suisse en raison de leur refus de serrer la main et de leur réticence à s’adresser à une personne du sexe opposé lors de leur audition. En effet, en Suisse, la procédure de naturalisation implique un entretien avec des officiels de la municipalité, visant à évaluer si les critères d’« intégration » dans le pays sont remplis. La municipalité de Lausanne, représentée par le syndic de Lausanne, a estimé que « ne pas serrer la main à des personnes de sexe opposé ni répondre à leurs questions s’inscrivait en contradiction avec le principe d’égalité entre les hommes et les femmes ».

La décision de la municipalité a provoqué de vives réactions, tant au niveau national que dans la presse internationale, que ce soit pour contester ce choix ou l’applaudir. Les commentaires gravitent autour de la question de la place des convictions religieuses (et plus spécifiquement musulmanes) et de leur tolérance dans les procédures de naturalisation. Les critères pour l’obtention de la nationalité suisse laissent en effet une marge d’interprétation passablement importante pour les examinateurs.

Anaïd Lindemann
  • Septembre 2018 : Cartographie de la diversité religieuse dans le canton de Vaud

Le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) a mené entre 2017 et 2018 un projet visant à localiser les communautés religieuses et spirituelles du canton de Vaud. L’équipe de sociologues y participant a ainsi recensé et documenté près de 800 communautés. Ce projet de cartographie permet de dresser un état des lieux de la présence religieuse et spirituelle sur le territoire.

Les résultats ne sont pas encore disponibles mais une exposition de photographies prises par des étudiant-e-s de l’Ecole d’art de Lausanne occupe actuellement les salles de l’espace Arlaud. Un projet identique avait déjà été mené entre 2012 et 2014 dans le canton de Genève, dont les résultats sont accessibles sur le site internet. Tout comme la cartographie genevoise, un site internet vaudois comprendra notamment une carte interactive du canton avec la possibilité de localiser les lieux de culte accompagnée d’informations sur celles-ci.

Anaïd Lindemann
  • Août 2018 : L’Université de Genève propose une formation pour les imams

A l’automne 2018, l’Université de Genève proposera pour la seconde année consécutive une formation sélective d’un an destinée aux imams suisses et principalement axée sur la connaissance du contexte dans lequel ils travaillent.

Sur l’année 2017, seuls 2 participants sur six ont validé cette formation exigeante. Structurée en deux semestres (langue française et décodage socio-culturel puis culture et société suisses), elle implique une validation du premier pour pouvoir être admis au second. Tout l’enjeu de la première partie de la formation est de permettre aux participants de comprendre la pluralité des sens de certains termes selon les contextes et les langues, et de trouver les enseignants capables de maîtriser ces différents contextes. La seconde partie de la formation n’a pas pour but de fournir des cours de théologie islamique mais davantage de permettre aux participants de comprendre avec quelle méthodologie celle-ci se construit en Suisse, à l’image notamment de la théologie protestante.
Le défi consiste à la fois à stabiliser l’équipe enseignante et à recruter des participants disponibles et intéressés par ce qui s’apparente pour eux davantage à ouverture mais aussi une profonde remise en question, parfois peu facile à mettre en oeuvre au sein de leurs propres communautés, encore très traditionnelles.
La formation a été largement scrutée à l’étranger, notamment en France, avec qui des synergies pourraient être mises en place. En Suisse, pays pour le moment encore préservé des attentats islamistes, le projet a principalement été vu et présenté comme une manière de lutter contre l’extrémisme.

Camille Andres
  • Février 2018 : Zurich : engagement d’aumonier.ère.s musulman.e.s

En Suisse, l’aumônerie chrétienne est assurée et financée par les Eglises nationales. En revanche, les services d’aumônerie musulmane devant être dispensés par les organisations musulmanes (non reconnues), ils sont généralement accomplis de manière bénévoles et à temps partiel. Deux développements en 2018 ouvrent la question du statut de ces aumôneries musulmanes.

D’une part, un aumônier musulman a été engagé à plein temps par un pénitencier à Zurich (Pöschwies) pour la première fois en Suisse. Ce premier imam fonctionnaire est également le premier étudiant musulman inscrit au Certificate of Advanced Studies (CAS) en aumônerie à l’Université de Berne, jusqu’alors réservé aux étudiant.e.s chrétien.ne.s.

D’autre part, un projet pilote d’aumôniers musulmans a été lancé dans un centre fédéral pour requérant.e.s d’asile, également à Zurich (Juch). Deux aumoniers et une aumonière musulmans travaillent dans ce centre hébergeant 300 requérant.e.s d’asile. Le projet pilote, lancé en 2016 par le Secrétariat d’Etat aux Migration (SEM), a été évalué très positivement en 2018 : le SEM recommande d’étendre cette nouvelle aumônerie à échelle nationale. Cependant, le projet a dû être interrompu, la base légale ne permettant pas de le financer.

La question du rôle des aumôniers musulmans dans certains établissements est donc relancée. Selon des experts, ces derniers remplissent trois rôles principaux : intermédiaires entre les cultures de part leur proximité linguistique et culturelle ; modèles incarnant un « islam compatible avec un Etat séculier » ; et prévenir la « radicalisation ».

Source principale : Le Temps.

Anaïd Lindemann
  • Février 2018 : Berne : un label pour les communautés religieuses

Dans le canton de Berne, le socialiste Mohamed Hamdaoui a déposé un postulat en février 2018 proposant l’instauration d’une charte religieuse. Non contraignante, elle serait signée par les communautés religieuses non soumises à la loi sur les Eglises nationales bernoises. La signature de ce document pourrait déboucher sur l’attribution d’un label ou d’un certificat qui atteste de l’engagement des signataires à respecter différentes règles, telles que :

 respecter strictement l’ordre juridique ;
 l’égalité entre hommes et femmes ;
 la transparence financière ;
 les ministres officiants connaissent au moins une langue nationale ;
 les ministres officiants aient suivi des cours d’instruction civique ;
 bannir toute forme d’appel à la haine ;
 favoriser l’intégration des fidèles dans la collectivité.

Cette proposition vise notamment à atténuer le climat de méfiance à l’égard de certaines communautés religieuses, et plus particulièrement musulmanes, ainsi qu’à faciliter les contacts avec la population.

Le Conseil exécutif bernois a accepté d’étudier cette proposition.

Source principale : cath.ch.

Anaïd Lindemann
  • Mars 2018 : Projet genevois de loi sur la laïcité

En raison du système fédéral suisse, chaque canton décide de la manière de régler la relation entre Etat et religions, tout en respectant les limites données par la Constitution. Dans le canton de Genève, considéré comme le plus laïc en Suisse, l’article 3.3 de la nouvelle constitution de 2012 dispose que « les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses ». Des acteurs politiques ayant jugé cet article problématique, un groupe de travail sur la laïcité (GTL) s’est constitué en 2013 et a conclu que la relation entre Etat et religion ne respectait pas la laïcité. La Commission des droits de l’homme du Grand Conseil de Genève a alors soumis un projet de loi, débattu depuis le mois de février 2018.

Le projet de loi vise à donner une base légale de la laïcité de l’Etat et régler ses relations avec les différentes communautés religieuses. Ce projet a été débattu, article par article, à la session de février, débouchant sur 31 amendements de la part des membres du Grand Conseil. Il faudra probablement attendre deux autres sessions pour que chacun de ces amendements soit voté et le projet de loi adopté. Deux amendements sont particulièrement sensibles :

 Interdiction pour les élu.e.s du Grand Conseil (législatif cantonal) et des Conseils municipaux (délibérants communaux) de porter des « signes religieux ostentatoires » : dans le projet de loi, l’interdiction ne devait toucher que le pouvoir exécutif. La modification demandée a soulevé des débats, notamment parce que deux conseillères communales portent le voile. L’amendement a été accepté à la majorité.
 Suppression de la contribution religieuse volontaire organisée par les services de l’Etat dès l’entrée en vigueur de la Loi sur la laïcité : le projet de loi propose de la supprimer au bout de 10 ou 20 ans, afin de laisser le temps aux Eglises bénéficiaires de trouver d’autres modalités de perception. L’amendement proposant de la supprimer dès l’entrée en vigueur de la loi a été refusé par la majorité. Quant à la suppression dans 10 ou 20 ans, elle sera débattue à la prochaine session du Grand Conseil.

Source principale : Protestinfo.

Anaïd Lindemann

D 3 octobre 2018    AAnaïd Lindemann ACamille Andres

2017

Août 2017 : Crucifix dans les hôpitaux en débat
En août 2017, la présence de crucifix dans les chambres d’un hôpital valaisan (le Valais est un des vingt-quatre cantons en Suisse) relance la (...)

  • Août 2017 : Crucifix dans les hôpitaux en débat

En août 2017, la présence de crucifix dans les chambres d’un hôpital valaisan (le Valais est un des vingt-quatre cantons en Suisse) relance la question des signes religieux dans les établissements hospitaliers en particulier et dans le domaine public en général.

Un membre engagé des Libres penseurs romands et à l’origine de l’initiative pour un Valais laïc en 2015 (finalement retirée), a été hospitalisé à l’Hôpital du Valais, où il s’est offusqué de trouver un crucifix dans sa chambre. La direction a répondu ne pas vouloir « entrer dans le débat de la question religieuse » mais qu’il était possible de retirer l’objet sous demande du patient.

A l’échelle nationale, notons que le Valais est l’un des seuls cantons, avec Lucerne, à accrocher des crucifix dans les chambres des patient.e.s. A l’inverse, des cantons tels que Fribourg, le Jura et Genève ont supprimé ces signes religieux dans l’univers hospitalier. Pour Genève par exemple, voilà plus de vingt ans que cette mesure a été prise.

Pour plus de détails sur cette polémique, voir l’article du Nouvelliste.

  • Juin 2017 : Rapport sur les symboles religieux dans les bâtiments publics

Le 9 juin 2017, le Conseil fédéral a publié un rapport sur le port et la présence de symboles religieux dans les bâtiments publics. Ce rapport avait été demandé par M. Aeschi en septembre 2013 afin d’exposer les besoins de légiférer sur la question de la présence de crucifix et autres symboles religieux ainsi que sur le port de symboles religieux de plus ou moins grandes tailles dans les édifices publics.

Le rapport brosse un tableau de la situation juridique et de la pratique quotidienne de l’affichage et du port de symboles religieux dans les bâtiments publics. L’Office fédéral de la justice (OFJ) qui a été chargé de réaliser le rapport a mandaté plusieurs organes pour y parvenir : l’Institut du fédéralisme de l’Université de Fribourg, l’Institut suisse de droit comparé (ISDC) et le Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH).

Deux principaux résultats de cette enquête sont à relever :

 La législation concernant l’affichage et le port de signes et symboles religieux dans les édifices publics est inexistant en droit fédéral, à l’exception de l’article 21 al. 1 et C de la loi sur le personnel de la Confédération. Jusqu’à ce jour, ces questions sont de la compétence du Tribunal fédéral.
 Entre 2001 et 2015, les interventions politiques traitent principalement de crucifix/croix, des lieux de prière/cimetières musulmans et le port du voile musulman. Ces interventions politiques ont amené dans peu de cas le législateur à agir.
 On trouve des symboles religieux dans plus de la moitié des édifices publics et ils sont particulièrement nombreux dans les hôpitaux.

D’autres résultats d’études empiriques (sondage en ligne, interviews de personnels, de chercheurs et de représentants religieux) ainsi qu’une étude comparative avec des pays européens sont disponibles dans le rapport.

  • Juin 2017 : Déclaration de la viande halal

Le Conseil national a accepté à une très grande majorité une motion exigeant que la viande halal soit déclarée comme telle aux client.e.s, que ce soit dans les surfaces de supermarchés ou dans les restaurants.

En Suisse, l’abattage rituel juif et musulman est interdit. Il est donc impossible de produire de la viande halal ou casher, mais il est en revanche autorisé d’en importer. La législation actuelle impose la déclaration de fabrication qu’à la première étape de vente (commerce en gros) contrairement au commerce de détail et en restaurants. L’initiative parlementaire, lancée par Yannick Buttet (Parti Démocrate Chrétien, du centre), demande une déclaration imposée à toutes les étapes de vente.

Une exigence supplémentaire est celle relative au coût d’adjudication (sélection du fournisseur). En effet, la viande halal étant souvent meilleur marché que les viandes obtenues par abattage non-rituel, l’initiant estime que les autres entreprises sont pénalisées.

Les représentants de la gauche ainsi qu’une partie du PLR (Parti Libéral Radical) et du PVL (Parti des Verts Libéraux) jugent cette initiative problématique en raison de sa focalisation sur une pratique spécifiquement musulmane. De plus, Martina Munz (Parti Socialiste) estime que la quantité de viande halal est peu importante et meilleur marché en raison de la qualité de certains morceaux.

La Commission du Conseil d’Etat s’est opposée à 8 voix contre 3 à cette initiative parlementaire. Si le plénum (ensemble des parlementaires de la chambre concernée) en fait autant, l’objet sera abandonné.

Source : Le Temps.

  • Mai 2017 : Rejet de l’interdiction de se voiler le visage dans le canton de Glaris

Le 6 mai 2017, la Landsgemeinde (« Assemblée du pays ») du canton de Glaris, institution de démocratie directe présente dans deux cantons en Suisse, a rejeté l’initiative citoyenne visant à interdire de se voiler le visage et, à demi-mot, le port du voile intégral dans l’espace public. La Landsgemeinde, composée des citoyens et citoyennes de la commune, a rejeté cette demande d’interdiction à deux tiers de voix.

C’est le politicien Roland Hämmerli du parti de droite UDC (Union Démocratique du Centre) qui est à l’origine de cette initiative. Ses arguments principaux gravitaient autour de la sécurité en ciblant les femmes « voilées », les « agents du chaos » et les « hooligans ».

Selon les opposants à cette initiative, les prescriptions vestimentaires ne devraient pas figurer dans la Constitution. Ils entendaient également éviter que la Landsgemeinde ne serve les « intérêts des cercles d’extrême droite ». Le gouvernement ainsi que le parlement cantonal ont également rejeté l’initiative.

Jusqu’à ce jour, seul le canton du Tessin est muni d’une telle disposition légale (voir le débat de 2014)

Source : RTS.

  • Mai 2017 : Migration et tradition du « Juju »

Les services sociaux suisses sont confrontés à des cas toujours plus fréquents de migrantes nigérianes, pour la plupart faisant partie de réseaux de prostitution, souffrant de stress post-traumatique ou convaincues de vivre sous la menace de sorciers. Comprendre la tradition du « Juju » est une première étape pour parvenir à soulager la souffrance de ces migrantes.

Pour maintenir ces femmes sous leur contrôle et leur extorquer de grosses sommes d’argent, les réseaux criminels qui exploitent ces Nigérianes recourent non seulement à des menaces physiques, mais également à l’exploitation de leurs croyances religieuses. Avant d’être envoyées en Europe, ces femmes sont amenées chez un sorcier qui, selon la tradition du « Juju », possède le pouvoir de les tuer ou de les rendre folles à distance grâce aux pouvoirs du dieu Eshu. Socialisées dans des sociétés imprégnées par le monde de la magie et ses croyances, ces femmes vivent des angoisses si importantes qu’elles développent des désordres psychiques graves.

Maria Rio Benito, médecin psychiatre de l’association d’aide aux migrant.e.s Appartenances située à Lausanne, explique que des symptômes de stress post-traumatique sont fréquents. Selon elle, le phénomène du « Juju » doit être compris et traité dans le cadre de la précarité sociale des victimes. Les cas se multiplient en raison de l’augmentation des flux migratoires depuis le Nigeria.

Source : Le Temps.

D 26 septembre 2017    AAnaïd Lindemann

2016

Août 2016 : un centre taoïste unique en Suisse prêt à voir le jour
Le taoïsme, tradition chinoise millénaire célèbre pour son concept de taiji (yin et yang), pourra bientôt être pratiqué et (...)

  • Août 2016 : un centre taoïste unique en Suisse prêt à voir le jour

Le taoïsme, tradition chinoise millénaire célèbre pour son concept de taiji (yin et yang), pourra bientôt être pratiqué et découvert à Bullet, dans le canton de Vaud. De quoi réjouir les quelques centaines d’adeptes en Suisse, et les dizaines de milliers de personnes qui pratiquent une ou plusieurs branches du taoïsme, telles que le feng shui, le tai chi ou encore le yi king. Accepté par les autorités régionales et soutenu par les autorités locales et les organismes touristiques, ce projet du centre taoïste Ming Shan à 5 millions de francs suisses verra le jour en 2018. Le chantier a débuté cet automne.

Le bâtiment sera construit en bois et selon les préceptes feng shui. Il renfermera non seulement trois salles pour la pratique des arts corporels, mais également une bibliothèque, un cabinet médical, un temple, une boutique, un dortoir, des chambres contenant une trentaine de lits et un restaurant de soixante places.

Fabrice Jordan, acupuncteur et président de l’Association taoïste suisse à l’origine de ce projet, insiste sur la vocation intégrative de ce centre. Il ne s’agira donc pas d’une structure uniquement axée sur le taoïsme, mais d’un centre favorisant de bonnes relations entre différentes religions et philosophies. A cette fin, des séminaires seront organisés plusieurs fois par année, auxquels des représentant/e/s et adeptes d’autres religions seront conviés. Parallèlement, le centre Ming Shan entend agir dans le domaine de la prévention en matière de santé, à travers des modules abordant les questions du burnout, de l’obésité ou du vieillissement.

  • Juillet 2016 : Crise institutionnelle au sein de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud

Au mois de juillet dernier, des tensions au sein de L’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) ont défrayé la chronique. Un pasteur de la ville de Lausanne a en effet mené une grève de la faim de 23 jours pour protester contre son licenciement ainsi que celui de six autres de ses collègues au fil des deux dernières années. Cette crise qui secoue l’institution religieuse vaudoise peut être comprise à la lumière des récentes évolutions du statut de l’Eglise en Suisse.

Jusque dans les années 1990, l’engagement des pasteurs par l’Etat n’était pas contractuelle. Ensuite, la forme contractuelle entre Etat et pasteurs a remplacé cette forme d’indépendance dont ils bénéficiaient. Or, depuis 2007, c’est désormais au niveau cantonal que le contrat est établi : le rôle d’autorité d’engagement a été attribué au Conseil synodal, représentant de l’EERV, dans le cadre de la loi sur le personnel de l’Etat de Vaud. Le Règlement ecclésiastique de 2009 dispose que le Conseil synodal, en tant que "représentant de l’EERV dans son rôle d’employeur", a pour compétences d’"adopter la stratégie générale en matière de ressources humaines sur la base des principes définis par le Synode et de gérer les ressources humaines".

A ce titre, l’EERV s’est pourvue de l’Office des ressources humaines (ORH), responsable des mouvements de postes. Fort de ses compétences, l’ORH a licencié sept pasteurs depuis 2014, pour des raisons variées, telles que le refus de changements de postes ou une attitude jugée déloyale face aux médias. Provoquant des réactions indignées et d’autres collègues ayant fait part de leur sentiment d’être "peu entendus ou maltraités" par l’ORH, la création d’une commission de traitement des litiges a été décidée par le Synode (organe délibérant). Parallèlement, des plaintes ont été déposées par les pasteurs licenciés. Le 4 novembre, l’un d’eux s’est déjà vu désavouer par le tribunal des Prud’hommes qui n’a retenu aucune charge contre l’EERV, la gestion des RH ayant été jugée conforme au droit du travail.

  • Juin 2016 : Musulmans et musulmanes : nouvelles cibles du racisme en Suisse

Le racisme envers les musulmans a augmenté de 11% depuis 2014. C’est ce qu’indiquent les résultats du rapport publié par la Commission fédérale contre racisme.

Cette statistique ne concerne cependant que les victimes de racisme qui sont entrées en contact avec l’une des 14 structures du Réseau de centres de conseils pour les victimes de racisme. Sur 239 cas de racisme signalés, 53 concernent des musulmans. David Mühlemann, chef de projet, indiquait dans une interview de la Tribune de Genève : "Désormais une plainte sur cinq enregistrées dans un centre de conseil concerne des musulmans. On verra d’ici deux ou trois ans si cette tendance persiste". La majorité des victimes restent en outre des personnes d’origine africaine.

Les auteurs du rapport expliquent cette augmentation des manifestations hostiles à l’égard des musulmans par les mouvements migratoires, le conflit syrien et la crise des réfugiés, ainsi que les actes terroristes perpétrés au nom du groupe Etat islamique (EI) ou revendiqués par lui.

  • 13 juin 2016 : Ouverture du Centre islam et société à Fribourg

Malgré les oppositions du parti de l’Union Démocratique du Centre de Fribourg (voir débats 2014), le Centre islam et société de Fribourg a été inauguré le 13 juin 2016.

L’UDC fribourgeoise avait déposé, en 2015, une initiative visant à interdire l’ouverture de ce centre. Jugée anticonstitutionnelle par le Grand Conseil, l’initiative n’était pas passée en votation populaire. Rappelons que l’UDC est à l’origine de l’initiative anti-minaret de 2009 (voir débats 2009).

Ce centre de compétences, rattaché à l’Université de Fribourg, propose un cursus axé sur la réflexion sur l’islam en Suisse et le dialogue interreligieux, en offrant notamment des outils de connaissances sociologiques et législatifs. En revanche, le Centre ne formera pas d’imams, contrairement à ce qu’affirmaient ses opposants de l’UDC.

  • Juin 2016 : Programmes radio et TV sur la religion « sauvés »

En novembre 2015, la Radio Télévision Suisse (RTS) annonçait la suppression de programmes religieux sur ses ondes (voir débat 2015). Huit mois plus tard, soit en juin 2016, un compromis a été trouvé et la majeure partie de ces programmes seront maintenus. Ce sauvetage in extremis est le résultat de négociations importantes entre les trois partenaires (la RTS, Cath-Info et Médias-pro) ainsi que de la mobilisation du public à travers une pétition signée par plus de 25 000 personnes.

"Nous sommes satisfaits de la conclusion des négociations qui font crédit à la demande du public et au contexte financier tendu qu’affronte la RTS. Le renouvellement de la convention entre les partenaires est un signe encourageant pour nos institutions et nos collaborateurs", écrivaient Bernard Litzler et Michel Kocher, respectivement directeurs de Cath-Info et de Médias-Pro, dans un communiqué paru le 24 juin 2016.

Cet accord conclu entre les trois entités contient toutefois quelques changements : alors que trois des quatre émissions radios sont maintenues, la quatrième est supprimée pour être remplacée par une nouvelle émission de décryptage religieux. Les deux émissions de télévision seront quant à elles fusionnées, et le nombre d’offices religieux télévisés diminuera d’un tiers en 2017.

  • Avril 2016 : Etude sur la langue, la religion et la culture : premiers résultats

L’Office fédéral de la statistique (OFS) a publié les premiers résultats tirés des données récoltées en 2014 pour l’étude sur la langue, la religion et la culture. Cette enquête est unique et inédite en Suisse : elle permet, pour la première fois, de fournir des informations fiables et élargies sur la religion et la spiritualité, entre autres. En effet, plus de 15 000 personnes âgées de 15 ans et plus ont été sondées dans trois langues nationales, c’est-à-dire allemand, français et italien sur une trentaine de questions. L’enquête sera désormais menée tous les cinq ans, afin de fournir des données longitudinales.

Les questions relatives au volet "religion" concernent les thématiques suivantes : appartenances religieuses, pratiques telles que participation aux services religieux et prières, croyances, importance de la religion et de la spiritualité, ainsi que quelques points de vue sur la diversité religieuse en Suisse. Les premiers résultats ont été publiés cette année sous la forme d’une brochure intitulée "Pratiques et croyances religieuses et spirituelles en Suisse".

En ce qui concerne le paysage confessionnel suisse, entre autres résultats marquants, nous pouvons relever que les musulmans sont ceux qui comptent la plus grande part de la population issue de la première génération (80%) ainsi que de la deuxième génération (14%). A l’inverse, les protestants comptent le plus grand nombre de personnes non issues de la migration. En termes de pratiques, les évangéliques sont les plus assidus aux services collectifs puisque plus de 70% d’entre eux s’y rendent au moins une fois par semaine. De la même manière, 85% d’entre eux prient au moins une fois par jour. Ce sont les musulmans, après les sans confessions, qui sont les moins pratiquants. En revanche, ils rejoignent les évangéliques en ce qui concerne la croyance en un dieu unique (90%). Finalement, notons que les Suisses romands (partie francophone de la Suisse) recourent le plus souvent à un/e guérisseur/guérisseuse et que la religion ou la spiritualité revêt une importance toute particulière dans les moments difficiles de la vie.

Pour prendre connaissance de tous les résultats, cliquez ici.

D 22 novembre 2016    AAnaïd Lindemann

2015

Novembre 2015 : Radio et TV : suppression de programmes religieux
La Radio Télévision Suisse (RTS) évoque des raisons budgétaires pour expliquer la suppression, prévue pour 2017, de trois (...)

  • Novembre 2015 : Radio et TV : suppression de programmes religieux

La Radio Télévision Suisse (RTS) évoque des raisons budgétaires pour expliquer la suppression, prévue pour 2017, de trois programmes religieux. Afin d’économiser 11.4 millions de francs suisses ente 2016 et 2018, les émissions radio « A vue d’esprit » et « Haute fréquence », ainsi que le magazine télévisuel « Faut pas croire » ne figureront plus au programme de la RTS. Cette décision aurait pour conséquence la suppression de 50% du personnel de la rubrique RTS Religion, alors que les économies qui doivent être réalisées ne représentent que 3% du budget total de la RTS.

Le magazine hebdomadaire « Faut pas croire » aborde, en vingt-six minutes, des questions tant éthiques et philosophiques que religieuses. Alimenté de débats actuels et de reportages, il s’adresse au grand public suisse romand (francophone). Quant aux deux émissions radio, « A vue d’esprit » propose un contenu axé sur la spiritualité alors que « Haute fréquence » traite de thématiques parfois dérangeantes dans le domaine religieux au fil d’interviews.

Cette annonce a provoqué un véritable tollé, tant sur les médias sociaux qu’au sein de l’équipe rédactionnelle concernée et de deux institutions chargées de la responsabilité éditoriale, Cath-Info (catholique) et Médias-pro (protestant). La collaboration entre la RTS, Cath-Info et Médias-pro date des années soixante. Les premiers magazines religieux – exclusivement chrétiens – ont débuté en 1964. Quarante ans plus tard, leur contenu s’est élargi au domaine interreligieux.

Sur Facebook, on peut notamment lire que « par les temps qui courent, ce n’est pas le moment de supprimer le peu d’émission religieuse de la TV » et que ce choix est « scandaleux ». Une inquiétude partagée par Mgr Alain de Raemy, évêque responsable des médias chargé d’encourager une présence catholique et œcuménique dans tous les médias suisses, qui estime qu’« il en va de la place que l’on donne à la dimension religieuse de l’homme en ces temps où la religion est si souvent et de si diverses manières d’actualité ».

En termes d’emploi, cela reviendrait à amputer de moitié le personnel travaillant pour la rubrique religieuse de la RTS. Un des collaborateurs s’exprime en ces termes : « L’état-major de la RTS n’a pas mesuré que nous sommes une véritable rédaction, avec des propositions fortes, une collaboration radio-TV transversale, des contacts précieux dans les milieux religieux ». Jean-Christophe Emery, responsable du service protestant de Radio RTS, estime que la disparition d’une rédaction spécialisée dans le religieux est profondément inquiétante.

  • Janvier 2015 : Reconnaissance de l’islam

En Suisse, les communautés religieuses peuvent être reconnues officiellement, impliquant certains droits et devoirs spécifiques (voir rubrique Statut juridique des religions). Or, cette reconnaissance n’est, pour l’instant, de loin pas octroyée à toutes les communautés religieuses établies en Suisse.

Deux modalités de reconnaissance
Les Églises nationales, soit catholique romaine et réformée, bénéficient d’un statut de droit public, tout comme la communauté juive dans certains cantons (les questions religieuses sont traitées au niveau cantonal et non fédéral). Cette forme de reconnaissance est également appelée « grande reconnaissance ». Cela signifie que l’État assure, selon la Constitution, les moyens matériels pour le fonctionnement des institutions religieuses en question, notamment sous forme de subventions et de versements de salaires aux représentants.

La « petite reconnaissance », quant à elle, assure une reconnaissance d’intérêt public de communautés religieuses qui bénéficient alors de certains droits plus restreints que la première forme de reconnaissance : possibilité de proposer un enseignement religieux dans les écoles par exemple. C’est le cas des Alévis dans le canton de Bâle-Ville, une communauté issue de l’islam (pour plus d’informations, voir les modalités de reconnaissances)

Avancées timides de la reconnaissance des musulmans
Depuis fin 2012, la communauté alévie est la première et la seule communauté musulmane à bénéficier d’une reconnaissance, certes restreinte, mais officielle. Ce peu de reconnaissance peut surprendre, sachant que l’islam est, numériquement parlant, la deuxième religion de Suisse, après les deux confessions chrétiennes majoritaires (réformée et catholique) . En janvier 2015, deux organisations de musulmans ont annoncé vouloir préparer leur candidature pour cette reconnaissance d’intérêt public : l’UVAM (Union vaudoise des associations musulmanes), organisme faîtier de 15 organisations, et le CIL (Centre islamique de Lausanne). Mais le climat peu favorable à l’islam et aux musulmans en raison du contexte international inquiète le président de l’UVAM, Pascal Gemperli, un Schaffhousois converti.

La question étant traitée au niveau cantonal, Bâle-Ville et Vaud sont les cantons concernés par ces futures demandes et devraient dès lors servir de « laboratoire pour les musulmans en quête d’un statut » . Le canton de Vaud a, pour sa part, publié un document listant de nombreuses conditions précises pour accéder à cette reconnaissance d’intérêt public, rappelant que celle-ci ne donne pas droit à des subventions, à l’inverse de la reconnaissance de droit public.

Enjeux de la reconnaissance
Selon Philippe Gardaz, juriste de l’Institut de droit des religions à l’Université de Fribourg, les organisations qui s’engagent dans une procédure de demande de reconnaissance peuvent être des « ponts d’intégration » . En effet, les organisations candidates à la petite reconnaissance sont soumises à un contrôle des autorités cantonales sur une durée de 5 ans et doivent prouver leur respect de nombreux principes, tels que la démocratie, les droits humains, les libertés fondamentales, etc. Sans compter le processus qui précède la prise de décision cantonale, qui aura duré 2 ans pour les Alévis.

Même si l’étape vers une reconnaissance de droit public (« grande reconnaissance ») est encore bien loin, ce débat relancent les questions liées aux différents avantages qu’une telle reconnaissance représente : formation des imams (à défaut d’engager des imams étrangers, pas toujours aux faits des islams en contexte suisse), la rémunération d’aumôniers musulmans dans les prisons et hôpitaux (aujourd’hui majoritairement bénévoles, contrairement aux aumôniers chrétiens rémunérés par l’État) et l’accès au registre des habitants (qui permettrait une prise de contact rapide avec les nouveaux arrivants musulmans).

Voir :
 Behloul S. M., Lathion S., « Les musulmans et l’islam en Suisse : les multiples facettes d’une religion du monde » in Baumann M., Stolz J., La nouvelle Suisse religieuse. Risques et chances de sa diversité, Genève, Labor et Fides, 2009.
 Zünd C., « Les musulmans en quête d’intérêt public », art. du 2 février 2015, Le Temps.

D 15 décembre 2015    AAnaïd Lindemann

2014

Novembre 2014 : Interdiction du voile intégral dans le canton du Tessin
Le 22 septembre 2013, l’initiative visant à interdire la dissimulation du visage dans l’espace public et à inscrire (...)

  • Novembre 2014 : Interdiction du voile intégral dans le canton du Tessin

Le 22 septembre 2013, l’initiative visant à interdire la dissimulation du visage dans l’espace public et à inscrire cette interdiction dans la Constitution tessinoise a été acceptée par 65,4 % des votants et votantes du canton du Tessin (italophone). Ainsi, le Tessin est le premier canton à interdire le port du voile intégral dans les lieux publics, ce qui a suscité un débat : certains considèrent cette votation comme une violation des droits fondamentaux des femmes musulmanes, et une discrimination de la minorité musulmane qui s’ajoute à l’interdiction de construire des minarets en Suisse (qui a été votée et acceptée en juin 2010).

Cette initiative, initiée par l’ancien journaliste Giorgio Ghiringhelli et dont le texte est très proche de la loi française validée par la Cour européenne des droits de l’homme en juillet 2014, est vue par certains comme une absurdité. En effet, le nombre de résidentes qui se dissumulent le visage est extrêmement faible, que ce soit au Tessin en particulier ou en Suisse en général : on n’en dénombre qu’une dizaine dans tout le pays, selon Nadia Karmous, présidente de l’association culturelle des femmes musulmanes de Suisse.

L’ONG de défense des droits humains Amnesty International a, quant à elle, déclaré qu’une « interdiction générale du port du voile intégral viole les droits à la liberté d’expression et de religion des femmes qui choisissent d’exprimer de cette manière leur identité ou leurs convictions ». En revanche, Amnesty International rappelle qu’il est du devoir de l’Etat de s’assurer qu’aucune femme ne soit forcée à se voiler. Un autre danger de cette loi d’exception est qu’elle risque de marginaliser les femmes qui portent ces vêtements. L’initiative a également été condamnée par Human Right Watch, l’European Muslim League et le Conseil central islamique suisse (CCIS).

La question du voile intégral en Suisse, bien qu’elle ne concerne qu’une infime minorité de femmes musulmanes, est régulièrement discutée depuis 2006. Le Conseil fédéral s’était clairement opposé à son interdiction, mais le vent a tourné : en novembre 2014, le Conseil fédéral (pouvoir exécutif) a donné son aval pour la modification de la Constitution tessinoise proposée par l’initiative. Il ne reste plus qu’à attendre la décision du Parlement pour que l’inititive puisse effectivement entrer en vigueur. La probabilité que le débat dépasse le niveau cantonal et débouche sur une votation populaire au niveau national est élevée.

  • Septembre 2014 : opposition à l’ouverture du Centre suisse Islam et Société

Un projet de cursus académique sur l’Islam en Suisse devait aboutir à l’ouverture en 2014 du Centre suisse Islam et Société (CIS), rattaché à et coordonné par la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg. Cette formation a pour but d’offrir un cadre académique à la réflexion sur l’islam en Suisse ainsi qu’au dialogue interreligieux. Le cursus s’adresse principalement aux imams, leur donnant des outils de connaissance de l’environnement suisse et de sa législation, mais également à toute personne travaillant en contact avec des musulmans.

Mais l’ouverture de cursus ne se fera finalement pas avant 2017. Des partis politiques de droite, l’Union Démocratique du Centre (UDC) et le Parti Libéral Radical (PLR), s’y opposent fermement. Porté devant le Grand Conseil fribourgeois, le projet a été soumis à un vote des parlementaires. Le projet n’a pas été suspendu, mais de justesse. Exaspéré, le parti UDC a annoncé qu’il lancerait une initiative populaire début 2015 afin de faire voter le peuple sur l’avenir du CIS (la Suisse étant une démocratie semi-directe, tout Suisse ou Suissesse peut lancer une initiative populaire à condition de récolter au moins 100 000 signatures en 18 mois).

Les arguments de l’opposition au CIS s’articulent autour de trois axes : le contexte international (persécutions de chrétiens au Proche-Orient par des groupements djihadistes), les aspects financiers, et l’existence de buts « cachés » du projet (qui seraient la création d’une école coranique et d’une formation des imams au sein du CIS). Ces arguments sont battus en brèche par les responsables du projet, qui affirment qu’il n’est en aucun cas question de créer une école coranique ni de recevoir du soutien de l’étranger. De plus, ils rappellent les articles 8 et 20 de la Constitution suisse qui garantissent l’autonomie de la science et des universités, ainsi que l’égalité de traitement sans distinction d’appartenance religieuse.

D 15 décembre 2014    AAnaïd Lindemann

2013

Mars 2013 Les imams de Suisse devraient bénéficier à l’avenir d’une formation supérieure. Un groupe de travail de la Confédération réunissant des représentants des musulmans, des hautes écoles (...)

  • Mars 2013

 Les imams de Suisse devraient bénéficier à l’avenir d’une formation supérieure. Un groupe de travail de la Confédération réunissant des représentants des musulmans, des hautes écoles et de l’Etat se réunissant depuis 2010 tous les trois mois se sont rencontrés en mars 2013 pour mettre en place un futur cursus visant la formation d’imams de Suisse.

 la question de la burqa et de son interdiction est un débat qui surgit régulièrement dans l’espace public suisse. Une initiative portée par des politiciens membre de l’UDC, parti de droite populiste, visant à interdire le port de la burqa dans les lieux publics suisse a été balayée fin 2012 par le Conseil national. Ce texte avait déjà été refusé par le Conseil des États.

  • Février 2013

Une nouvelle initiative populaire fédérale contre l’avortement, l’assistance au suicide et le diagnostic préimplantatoire intitulée « protéger la vie pour remédier à la perte de milliards » a été lancée fin février 2013. Cette initiative - portée par un évangélique militant Heinz Hürzeler ex-conseiller municipal UDF (parti politique qui vise la défense des valeurs chrétiennes et qui s’était déjà engagé fortement dans l’initiative anti-minaret) - s’appuie sur un argumentaire fortement religieux. Les Suisses sont déjà appelés à se prononcer sur un texte visant à supprimer le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) – soutenu par des membres de l’UDC, du PDC, du PLR, du Parti évangélique (PEV) et de l’Union démocratique fédérale (UDF).

D 6 mai 2013    AEmmanuelle Buchard

2010

Février 2010 : l’initiative populaire suisse contre la construction de minarets, analyse et débats
Le 29 novembre 2009, l’initiative populaire interdisant la construction de nouveaux minarets (...)

  • Février 2010 : l’initiative populaire suisse contre la construction de minarets, analyse et débats

Le 29 novembre 2009, l’initiative populaire interdisant la construction de nouveaux minarets en Suisse a été acceptée par 57,5% de « oui » et avec un taux de participation de 53,4% des électeurs inscrits. Cette initiative avait été lancée à la suite de controverses concernant des projets de construction de minarets dans des villes suisses alémaniques (en particulier à Wengen). Elle a été principalement soutenue par des politiciens de l’Union démocratique du centre (UDC, parti politique de droite) et de l’Union démocratique fédérale (UDF, parti politique évangélique conservateur), tandis que le gouvernement, la majorité du Parlement ainsi que la majorité des grandes organisations politiques et religieuses recommandaient de refuser l’initiative (voir article dans Religioscope).

Le résultat de la votation montre (et rappelle) qu’il existe des craintes et des interrogations vis-à-vis de l’islam. Le minaret a été transformé en marqueur d’une prétendue islamisation de la Suisse redoutée par de nombreux Helvètes. Cette focalisation sur un symbole a eu pour effet de dissimuler les enjeux réels du scrutin. Comme le dit bien Mallory Schneuwly-Purdie, sociologue des religions, ce n’est pas sur un aspect architectural que le peuple suisse a voté, mais bien sur un système de valeurs (article de Le Matin du 30.11.2009). Cette votation pose surtout la question de la "visibilisation" et de l’intégration de l’islam en Suisse : en sont pour preuve les multiples débats sur la question de l’islam (burqa, voile, etc.) et plus largement les nombreuses polémiques, tant en Suisse qu’à l’étranger.

L’analyse VOX fournit plusieurs indices explicatifs des résultats du scrutin. Si le résultat élevé de la votation peut s’expliquer par une xénophobie latente ainsi que par une critique acerbe des politiques d’immigration de la part des votants, l’analyse montre également que le 40% des personnes généralement favorables à une Suisse ouverte et tolérante a aussi voté en faveur de l’initiative.

Le niveau d’études apparaît comme un indicateur déterminant dans le résultat du vote : plus le niveau de formation est élevé, moindre est le soutien à l’initiative moindre. L’étude VOX révèle aussi qu’il n’y a pas de différence significative dans le comportement de vote selon le genre et l’âge. En effet, il était supposé qu’un grand nombre de femmes de gauche voteraient pour l’interdiction de la construction de minarets par crainte d’un recul dans l’accès à l’égalité. Celles-ci y ont en effet été favorables, mais à 16%, alors que les hommes de gauche étaient plus nombreux à l’approuver (21%). Cette différence s’inverse lorsque l’on considère les votants de centre-droite : 87% des femmes de centre-droite ont voté pour l’interdiction et 71% pour les hommes. Finalement, il est intéressant d’observer que les chrétiens dans leur ensemble (tant protestants que catholiques) ont ratifié l’initiative à 60%, alors que les personnes " sans religion" l’ont principalement rejetée.

Pour plus d’informations sur la votation et sur les débats qui s’en suivirent, voir :

 Rapport VOX
 Religioscope, article de Jean-François Mayer
 Groupe de Recherche sur l’Islam en Suisse
 euro-islam
 Hebdo.ch
 Tsr.ch
 articles du 27.10.09 et du 03.12.09 dans la Gruyère

D 6 avril 2010    AMelina Brede

2009

2009 : votation fédérale sur les minarets (suite)
L’initiative populaire fédérale déposée le 8 juillet 2008 visant à interdire les minarets sur tout le territoire a été jugée recevable par le (...)

  • 2009 : votation fédérale sur les minarets (suite)

L’initiative populaire fédérale déposée le 8 juillet 2008 visant à interdire les minarets sur tout le territoire a été jugée recevable par le Parlement et le Conseil fédéral en mars 2009. Elle devra par conséquent passer devant le peuple. A l’heure actuelle, la date de la votation n’est pas encore connue.

Pour en savoir plus : voir le suivi de l’initiative sur le site de la Confédération suisse.

D 6 mai 2009   

2008

Septembre 2008 : votation fédérale sur les minarets
Un comité composé de membres de l’UDF (Union démocratique fédérale) et de l’UDC (Union démocratique du centre) a déposé une initiative (...)

  • Septembre 2008 : votation fédérale sur les minarets

Un comité composé de membres de l’UDF (Union démocratique fédérale) et de l’UDC (Union démocratique du centre) a déposé une initiative populaire fédérale le 8 juillet 2008 visant à interdire les minarets sur tout le territoire, en modifiant l’article 72 de la Constitution, qui charge la Confédération et les cantons de préserver la paix religieuse. Cette initiative est actuellement examinée par le parlement.
L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100 000 citoyens dans un délai de 18 mois.

D 23 octobre 2008   

CNRS Unistra Dres Gsrl

Suivez nous :
© 2002-2024 eurel - Contact