eurel     Données sociologiques et juridiques sur la religion en Europe et au-delà

2006

  • Eté 2006 : Interdiction des confessionnaux dans les écoles grecques

Le processus de désengagement de l’Église de Grèce du système d’éducation public grec, et de la reconnaissance de l’aspect multiculturel de la société grecque, vit une première étape : il est pour la première fois interdit à l’Église orthodoxe d’entendre des étudiants en confession à l’intérieur de l’école, à compter de l’année scolaire 2006-07.
La décision du Ministère grec de l’Education a des motifs éducatifs : le besoin de renforcer la notion que les activités religieuses doivent être pratiquées hors de l’espace scolaire, afin que celui-ci demeure un lieu d’apprentissage, loin des dogmatismes et des pressions idéologiques indirectes ou potentiellement discriminatoires pour les étudiants. Selon des représentants du Ministère, il y a aussi des motifs religieux derrière le nouveau règlement : le besoin de limiter la confidentialité de la confession à l’espace de l’église, celle-ci étant un lieu plus approprié à une activité d’ordre privé entre un prêtre et un enfant. Le problème date d’il y a quelques années, quand des parents et des enseignants ont protesté contre la présence de prêtres dans certaines écoles pour la confession des élèves ; ils ont aussi contesté la légalité de la circulaire autorisant la présence régulière de prêtres pour des confessions au sein des établissements scolaires.
Cette nouvelle mesure fait suite à l’intervention du Médiateur des Citoyens et aux plaintes de groupes de parents et de l’OLME (la fédération d’enseignants de l’école secondaire).
L’Archevêque et le clergé supérieur de l’Eglise orthodoxe de Grèce se sont opposés au nouveau règlement, selon eux préjudiciable aux enfants qui jusqu’à présent avaient la possibilité de confier à un prêtre leurs problèmes personnels.

  • 1er mars 2006 : La crémation légalisée en Grèce

Le 1er mars 2006, le parlement grec a voté la légalisation de la crémation en Grèce. La loi a été proposée par dix députés provenant des partis conservateur, socialiste et de gauche. Les demandes d’incinération sont de plus en plus nombreuses en Grèce, les cimetières se trouvant très souvent surpeuplés. La loi est le résultat d’une série de pressions, provenant pour l’essentiel de groupes pour la défense des droits de l’homme, qui affirment que la crémation est un élément fondamental du droit à la liberté religieuse. Ceci est particulièrement important, compte-tenu du nombre croissant d’étrangers d’origine non-chrétienne vivant actuellement en Grèce.
La crémation est donc devenue une option légale, essentiellement pour ceux dont l’appartenance religieuse permet la crémation (étrangers ou Grecs) ; dans ce cas, la crémation est autorisée sous réserve d’une demande écrite de la personne décédée ou d’un membre de sa famille. Pour les personnes dont la religion n’autorise pas la crémation (notamment les orthodoxes), cette option reste cependant problématique puisque la loi du 1er mars 2006 a lié l’autorisation de la crémation à l’appartenance religieuse de la personne décédée. L’Eglise de Grèce est historiquement opposée à la crémation et l’Archevêque Christodolos a bien confirmé que la foi orthodoxe autorise seulement l’inhumation/enterrement des morts. Il n’est pas rare pour des membres du clergé orthodoxe de refuser de célébrer les obsèques religieuses des personnes ayant choisi la crémation (ou également pour des personnes ayant opté pour un mariage civil sans mariage religieux).
Puisque la crémation était jusqu’à présent illégale, il n’existait pas de crématoriums en Grèce, et donc tous ceux qui choisissaient cette option devaient prévoir le transport du corps à l’étranger (généralement en Bulgarie ou Roumanie). Il est maintenant prévu de construire deux crématoriums en Grèce (un à Athènes et un à Thessalonique).

D 8 septembre 2006    ALina Molokotos-Liederman

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