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La communauté maronite

Les premiers établissements de maronites sur Chypre remontent au 8e s., lorsque les conquêtes islamiques et les rivalités entre chrétiens poussèrent de nombreux maronites originaires de Syrie et de Palestine à trouver refuge sur l’île. Les sources historiques disponibles laissent à penser qu’il existait des communautés actives sur l’île, possédant leur propre clergé résidant, aux environs du début du 12e s. L’immigration maronite s’est poursuivie tout au long de la période latine (1192-1572). De nombreux maronites répondirent à l’appel de Guy de Lusignian exhortant les chrétiens du Proche Orient à s’installer sur l’île. Toutefois, la communauté maronite n’a pas uniquement prospéré durant la période latine ; elle a également connu la pression latine, particulièrement sous la domination vénitienne (1489-1572).

Après la conquête de l’île par les Ottomans, la communauté maronite dut faire face à d’autres restrictions importantes voire suppressions de leurs droits. Beaucoup immigrèrent au Liban ou suivirent les Vénitiens à Malte. Tout au long du 17e s., un grand nombre de chrétiens, maronites mais aussi Grecs orthodoxes, s’adaptèrent au nouveau système hégémonique en se convertissant à l’islam. En 1671, le clergé latin fut exilé de Chypre. La proximité confessionnelle des populations maronite et latine, ainsi que l’aggravation nouvelle de la situation des catholiques, rapprochèrent les communautés maronite et catholique. En 1690, l’archevêque Maronios célébra l’office selon le rite maronite et catholique romain.

Les communautés maronites connurent également des pressions provenant des populations orthodoxes. Suite à un Berat du sultan, il fut décidé au milieu du 18e s. qu’ils relevaient de la juridiction de l’Eglise orthodoxe. Le clergé maronite préféra résider au Liban, et ce n’est qu’en 1845, après l’intervention de la France, qu’un évêque maronite put retourner sur l’île en tant que vicaire général. Après avoir vu le nombre de ses membres régresser sans cesse sur l’île, la communauté maronite s’étoffa sous l’administration britannique (1878-1960). Ses droits politiques et religieux furent consolidés avec le financement de la construction d’écoles par le nouveau gouvernement.

Le bilan démographique de 2004 évalue la population maronite de Chypre à 4 800 personnes. Suite aux conflits interethniques de 1963, la plupart des maronites émigrèrent au sud, où ils vivent désormais parmi les Chypriotes grecs et représentent environ 0,7 % de la population. Toutefois, il existe toujours au nord quatre villages maronites : Kormakiti, Asomatos, Agia Marina, Karpasia, d’une population totale de près de 200 personnes.

La communauté maronite de Chypre ayant été majoritairement une population agricole, le déplacement des populations rurales a eu un effet dévastateur sur les petites communautés villageoises. Néanmoins, en attendant l’ouverture de la Ligne verte en 2003, les maronites avaient le droit d’obtenir des sauf-conduits de trois jours pour se rendre dans le nord, tandis que les maronites du nord avaient droit à des sauf-conduits de cinq jours pour se rendre dans le sud. Ainsi les contacts entre les communautés villageoises et les réfugiés maronites du sud ont-ils pu être préservés.

Grâce à l’aide du gouvernement, ils disposent aujourd’hui d’églises à Nicosie et Limassol, et d’une école primaire à Nicosie. Néanmoins, à ce jour, les maronites fréquentent en majorité les écoles chypriotes grecques. La période postérieure à 1974 fut marquée par une forte assimilation et une augmentation du nombre de mariages avec des chypriotes grecs. En 1998, le St Peter’s Centre (également appelé "Maison maronite de Chypre") fut institué au Liban, dans l’intention de renforcer les liens des maronites chypriotes avec leur patrie, de fournir un cadre à cette diaspora et un enseignement de la religion et de la culture maronites.

D 12 septembre 2012    AIrene Dietzel

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