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La République tchécoslovaque et l’Etat militaire slovaque

La création de la République tchécoslovaque indépendante s’est accompagné d’une modification de la situation des Eglises, ainsi que de conflits ouverts ou latents entre l’Etat et les Eglises. Cette situation n’apporta toutefois pas de changements significatifs de la législation et l’attitude de l’Etat envers les Eglises ne changea pratiquement pas. La prise en compte des religions reconnues et admises en tant qu’entités publiques demeura inchangée.
Le problème de la séparation, et avec lui les questions ardues de la résolution constitutionnelle des relations Eglise-Etat en 1918 – 1920 fut l’un des problèmes les plus complexes rencontrés au cours de la mise en place de l’Etat politique et juridique. Cependant ni la constitution temporaire de 1918, ni sa modification en 1919, ne s’attaquèrent finalement aux problèmes posés par la question religieuse.
Le cadre juridique de l’époque procurait certains avantages aux Eglises admises et reconnues en matière d’impôts et de procédure de saisie. Les prêtres des Eglises reconnues et admises se voyaient accorder une "portion congrue" ou des dons. La loi sur la portion congrue annula les "indemnités d’étole", les récompenses et autres versements accordés au clergé conformément aux précédentes règlementations, mais ne toucha pas aux autres revenus, appelés "revenus locaux". La même loi fixa également la pension versée aux prêtres et leurs veuves par analogie avec les règlementations relatives aux pensions des fonctionnaires. L’Etat traitait les prêtres comme des fonctionnaires tant qu’ils fournissaient des services administratifs, tels que la célébration des mariages, la tenue des registres de naissance et de décès, l’enseignement de la religion dans les écoles d’enseignement général et le règlement de problèmes de nature administrative ou politique.
Après la création de la République tchécoslovaque indépendante, un "Modus Vivendi" fut approuvé en 1928. Il s’agit d’un accord entre la Tchécoslovaquie et le Saint-Siège, qui garantissait un respect mutuel des deux signataires. En comparaison avec la période précédente, les relations entre l’Etat et l’Eglise ne changèrent cependant pas de façon significative.
La période de l’Etat militaire slovaque fait partie des époques les plus pénibles de l’histoire slovaque. Il fut créé le 14 mars 1939, comme satellite de l’Allemagne d’Hitler. Dans le préambule de sa constitution, il se définit comme un Etat chrétien. Jozef Tiso, prêtre catholique, devint son président et un cinquième du parlement de la République slovaque était constitué de membres du clergé. Le 25 mars 1939 le Saint-Siège reconnut la République slovaque ; le gouvernement slovaque accorda naturellement beaucoup d’importance à ce geste. Des relations diplomatiques entre les deux Etats furent établies en juin 1939. Elles se refroidirent toutefois presque instantanément, lorsqu’un ambassadeur allemand devint le doyen du corps diplomatique de la République slovaque. Le pape Pie XII commenta l’évènement de la façon suivante : "Nous avons réfléchi à l’idée d’envoyer ou non un nonce en Slovaquie. Après une telle négligence des droits traditionnels du Saint-Siège, cela ne sera plus possible." Les relations diplomatiques complexes qu’entretenaient la République slovaque chrétienne (dont le président était un prêtre catholique) et le Saint-Siège déjà froides au départ devinrent progressivement glaciales. Après le vote du "Code juif" et la répression des soulèvements anti-hitlériens à Banská Bystrica, le Saint-Siège envoya plusieurs messages de protestation au président Tiso. Le nonce du Vatican, Burzio, savait que le président Tiso suscitait l’aversion en particulier de l’épiscopat et des moines slovaques. L’ère de l’Etat militaire slovaque et l’attitude du président Tiso vis-à-vis de "la résolution du problème juif" font partie des questions les plus difficiles de l’histoire slovaque. A ce jour, elles ont encore un impact sur l’ancienne génération en particulier (mais pas uniquement). L’attitude des partis et des élites politiques actuels concernant cette période de l’histoire slovaque est utilisée pour déterminer leurs inclinaisons présentes. Les groupes politiques particulièrement nationalistes interprètent cette période comme un effort de la part de Tiso et de ses collaborateurs pour protéger la nation et le territoire slovaques.

D 3 octobre 2012    AMichaela Moravcikova

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